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HISTOIRE DU DROIT DES AFFAIRES
bassin de Briey, de Denain-Anzin. Là aussi les métallurgistes du sud du Massif
Central (Alès), si prospères au XVIII
e siècle, ont été relégués aux derniers rangs.
534 Crise de la sidérurgie. - Malgré son développement intense, la sidérurgie française
est constamment en crise au XIX
e siècle. La cause en est le changement constant
des procédés de l'acier. Pratiquement tous les dix ans il apparaît un nouveau
procédé, presque toujours anglais d'ailleurs, procédé Bessemer en 1855, procédés
Siemens, Martin, Thomas et Gilchrist. Faute d'une adaptation rapide, le sidérurgiste
français risque de ne plus être vite compétitif sur le marché international ni
même sur le marché français. Aussi doit-il constamment se reconvertir et se reconvertir
veut dire deux choses.
D'une part, trouver de l'argent frais pour pouvoir transformer ses machines. À
moins de pratiquer l'autofinancement par imputation sur ses bénéfices, le sidérurgiste
doit passer par les banques pour ses augmentations de capital, émissions
d'obligations, et obtenir des prêts exceptionnels et en général un soutien d'importance.
Il tombera vite sous la coupe des banquiers, à moins de s'unir à d'autres
membres de sa profession pour fonder une banque à cet effet. Nous verrons les
liens privilégiés avec ce secteur du Crédit Lyonnais (tous ses fondateurs appartiennent
à l'industrie métallurgique), de la BUP (fondée par Schneider)7
.
D'autre part, avec les nouveaux procédés se fait sentir le besoin de certains
minerais de fer de bonne qualité, seuls utilisables. Là aussi le sidérurgiste va tomber
dans une autre dépendance, celle des compagnies minières du fer. La Compagnie
de Mokta, dont les gisements se trouvaient en Algérie, exercera une véritable
domination sur la sidérurgie française : qui ne travaillera pas avec Mokta sera
perdu.
535 Alliances financières et politiques. - Les métallurgistes sont pris entre trois
feux : les banques qui les tiennent par la trésorerie et les crédits, les compagnies
minières de fer et de charbon, mais aussi leurs débouchés, notamment les compagnies
de chemin de fer, d'armement et les compagnies maritimes. Le meilleur
moyen pour eux est de prendre pied dans chacun de ces trois secteurs. Contraints
et forcés, les métallurgistes vont se démultiplier en banquiers, en administrateurs de
mines, de compagnies de chemins de fer ou navales. C'est ainsi que l'on en arrive à
des cumuls stratégiques de fauteuils de conseils d'administration, à voir la métallurgie
au centre de toutes les affaires.
Un exemple célèbre est fourni par le cas d'Eugène Schneider8
d'abord propriétaire du Creusot, c'est-à-dire de mines mais surtout de la plus
grande entreprise métallurgique française ; il devient vice-président du Chemin de
fer Paris-Lyon-Méditerranée, à partir de 1852 régent de la Banque de France dont
nous verrons qu'elle est l'organisme qui ouvre par son taux de réescompte le robinet
du crédit aux industriels. Il prend le contrôle de la Banque de l'Union parisienne.
En outre, Eugène Schneider est un homme politique : député du Creusot
de 1845 à 1870, il exerce la présidence du Corps législatif à la fin du Second
■ 7. Voir infra,no
590.
■ 8. J.-Ph. PASSAGUI, La stratégie des Schneider, du marché à lafirme intégrée, 1836-1914, Rennes, PUR,
2006. J.-L. BEAUCARNOT, Les Schneider, Hachette, 1986.
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: il est tout

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