Droit & Pratique professionnelle - Droit et pratique de la lutte contre la criminalité organisée - 1re - 42

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115. La loi de la gâchette. - Pour sa part, elle
matérialise la conséquence de l'inobservance de l'une
des règles de l'organisation. Elle fonde également les
mécanismes extrajudiciaires de résolution des conflits
(règlements de comptes et exécution effectuée par des
tueurs à gages), car, il faut le savoir, les organisations
criminelles si structurées comme celles présentes en
Colombie arrivent à consolider un système de justice
paraétatique. Cette loi, également connue sous le nom
de « loi du plomb », est mobilisée en dernier recours.
Loin des idées préconçues, les organisations criminelles
essaient de rationaliser l'usage de la violence.
116. La loi de la route. - Elle régule les différentes
voies de circulation des biens et services illicites, et bien
évidement celui de la drogue. Elle est probablement la loi
la plus importante du système normatif de ces organisations,
car elle garantit le bon fonctionnement de l'activité
économique et effectue les arbitrages entre les différents
acteurs illégaux. Sa fonction de régulation de la distribution
du territoire entre les criminels et la traçabilité des
routes permet la mise en place d'un droit de passage
des personnes et des biens qui circulent entre les routes.
Par ailleurs, cette loi délimite l'étendue de la compétence
territoriale de chaque organisation criminelle.
117. La loi contributoire. - Cette loi régule les participations
financières des membres des organisations et
de la population en échange d'un service de protection.
Pour les premiers, cette loi assure la participation aux
affaires en fonction de leurs apports avec toutes les
garanties qu'offre cette adhésion. Pour les seconds, il
s'agit d'un système de racket.
118. La loi de l'argent. - Au sein des organisations
de trafic de drogue, tout a un prix. Tout est à vendre ou
à acheter. Cette loi est le corollaire de pratiques de corruptions
ainsi que d'un système d'échange de faveurs
et de prêt d'argent, assez sophistiqué.
119. Le code mafieux. - Ces lois consolident un
véritable code mafieux. Elles sont connues de tous et
s'appliquent au sein de l'organisation, mais aussi à la
famille, au quartier, au gang. Parmi ces règles, il resterait
à souligner celles qui permettent de réguler le
bon déroulement des affaires. Les narcotrafiquants se
connaissent entre eux, ils savent à qui appartient chaque
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route et ils arrivent à identifier la qualité de production de
leurs concurrents. Par exemple, les accords doivent être
honorés et la qualité du produit doit être optimale. Il n'est
donc pas rare de voir des cargaisons de drogue marquée
avec un signe distinctif du fabricant ou du distributeur.
Le monde des affaires criminelles obéit ainsi à certains
commandements pouvant se résumer dans la règle du
respect de la parole donnée. Comme quoi, même chez
la pègre, il existe des gentlemen agreements.
b) Les interrelations
120. Limitation de l'usage de la violence. - Malgré
leur pouvoir, les organisations narcotrafiquantes
n'agissent pas en autarcie. Elles ont besoin d'entretenir
des relations avec l'État ainsi qu'avec d'autres
organisations, tant illégales que légales. Certes, dans
un tel contexte, les relations de violence et de conflit
sont les plus visibles, mais des relations fondées sur des
alliances sont en réalité privilégiées. Les organisations
criminelles savent que la violence n'est jamais bonne
pour les affaires et elles préfèrent établir des relations de
coopération ainsi que des relations insidieuses menant
vers la fusion de plusieurs formes criminelles.
121. Les relations de coopération. - Pour leur part,
elles se manifestent dans les alliances effectuées entre
les différents groupes illégaux entre eux. Elles ont pour
but le combat d'un concurrent commun, la protection
des zones de production de cocaïne, le contrôle des
routes de trafic, par exemple. Ces relations garantissent
également un pouvoir militaire important à double
emploi, car il sert de structure armée ainsi que de mécanisme
de pression pour atteindre des objectifs politiques
de différentes natures. L'exemple le plus important est
celui du groupe des « Extradables ».
Bien que moins visibles, des relations de coopérations
avec des entités légales sont tout à fait envisageables,
notamment dans le cadre des activités de blanchiment
d'argent. À titre d'exemple, clubs sportifs ou structures
économiques font office d'intermédiaires privilégiés.
122. Les relations de fusion. - Les alliances peuvent
être tellement profondes qu'elles donnent naissance à
de nouveaux groupes ou des phénomènes hybrides
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