Droit & Pratique professionnelle - Droit et pratique de la lutte contre la criminalité organisée - 1re - 44

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1. À l'échelle locale
131. L'augmentation du « micro-trafic ». - L'une
des grandes transformations du trafic actuel réside
dans la gestion des points de deal. Ces espaces locaux
de transaction étaient contrôlés historiquement par les
grands cartels dans les villes et par les paramilitaires
dans les zones rurales. Avec leur disparition, les BaCrim
s'approprient ce marché de niche et le développent de
façon exponentielle. Aujourd'hui, le microtrafic représente
l'une des rentes illicites le plus lucratives de ces
organisations, car une tonne de cocaïne sur cinq reste
en Colombie pour la consommation locale.
132. Une culture poussée vers les frontières. - Par
ailleurs, une des évolutions du phénomène du trafic de
drogue en Colombie est la concentration de la production
aux frontières. Cette stratégie permet une proximité
avec les ports de sortie et la spécialisation des territoires
qui ont historiquement participé à l'économie de
la drogue. Trois zones se voient concernées par cette
localisation de la culture et de la production : la zone
sud (Nariño), la côte Pacifique et le Nord du Santander.
133. Les nouvelles plaques
tournantes du
Sud. - Actuellement, il y a une réactivation des anciennes
routes du trafic de drogue à la différence qu'elles sont
gérées par une diversité d'acteurs. Parmi ces routes, le
bassin amazonien devient, avec l'Équateur, l'une des
nouvelles plaques tournantes. Ces zones étaient auparavant
importantes, car elles permettaient de matérialiser
les alliances des anciens cartels. Par exemple, les
routes qui traversaient la zone de l'Amazonie étaient
précieuses pour les cartels des années 1980. Dans les
années 1990, c'est la région limitrophe avec l'Équateur
qui représente un atout pour le développement commercial
du cartel del Norte del Valle.
134. Le bassin amazonien. - Le dernier rapport de
l'ONUDC alerte sur la situation critique en Amazonie.
Dans cette zone, le trafic est partagé entre les dissidences
des Farc, notamment celle nommée Estado
Mayor Central et des groupes criminels brésiliens comme
le Comando Vermelho (Rio de Janeiro), la Familia del
Norte (Manaos) et le Primer Comando de la Capital (Sao
Paulo). Ces groupes tissent des réseaux très structurés
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grâce au pouvoir de leurs dirigeants lesquels dépassent
les murs des prisons où ils purgent leurs peines. Ces
organisations collaborent pour transporter la drogue à
travers des routes fluviales (fleuves Amazonas, Caqueta,
Japura, Negro, Apaporis) pour fournir le Brésil ou assurer
les chaînes de distribution vers l'Europe et l'Asie.
135. L'Équateur, un nouvel El Dorado. - En
Équateur, la ville de Guayaquil est devenue un centre
de stockage privilégié avant l'expédition vers l'Amérique
centrale, les États-Unis et l'Asie. Cette ville portuaire
contrôle environ 75 % des exportations et, depuis la
signature du traité de libre commerce avec l'Union
européenne en 2017, les narcotrafiquants en ont tiré
un grand profit. Ainsi, Guayaquil représente aujourd'hui
le premier port d'exportation international de drogue
colombienne pour la zone Pacifique. La vague de violence
qui submerge actuellement ce pays est d'ailleurs
due en grande partie au narcotrafic.
136. Les Accords de Paix de 2016. - L'élément le
plus important au niveau local se constate à travers les
exigences posées par l'Accord de Paix de 2016 entre
le gouvernement et les FARC. Ce pacte a sans aucun
doute bouleversé la dynamique de la production de la
cocaïne, car il prévoit expressément des politiques pour
la gestion du problème de drogues18
.
* Dans ce cadre législatif inédit, un programme de substitution
des cultures est mis en place avec des mesures
incitant à l'arrachage manuel et des primes de subvention
pour la substitution des cultures. Cependant,
il suffit de regarder les chiffres pour constater que les
résultats de cette politique s'avèrent insuffisants. La
rentabilité du produit mais aussi les pressions que
subissent les agricultures de la part des groupes criminels
sont, en partie, à l'origine de cet échec. D'ailleurs,
la vague de violence dans des territoires de culture
et ciblant particulièrement des leaders associatifs
qui dénoncent cette ingérence sont la conséquence
directe de cela.
* En outre, l'Accord de Paix intègre une vision assez
audacieuse : l'usage différencié de la plante de coca
18. Acte législatif n° 02 de 2017, Point n° 4, « Solution au problème de drogues
illicites de l'Accord de Paix » et décret-loi n° 896 de 2017, Programa
Nacional Integral de Substitution de Cultivos PNIS.
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