Droit & Pratique professionnelle - Droit et pratique de la lutte contre la criminalité organisée - 1re - 68

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Guyane et aux Antilles. En effet, la proximité géographique
de ces territoires ultramarins avec les lieux de
production en fait des zones de rebond majeures sur la
route transatlantique de la cocaïne. Les trafiquants ont
donc développé des modes opératoires spécifiques pour
acheminer les produits vers le marché de consommation
métropolitain. Les filières antillaises s'appuient majoritairement
sur le vecteur maritime pour exporter les produits
stupéfiants. La cocaïne est chargée dans les ports de
commerce de Fort-de-France en Martinique ou de Jarry
en Guadeloupe, ou encore transbordée en haute-mer.
Les stupéfiants sont placés à l'intérieur de cargaisons
légales, en particulier lors des opérations de manutention
des conteneurs suivant des itinéraires marqués par
une étape dans les Antilles françaises.
Les filières guyanaises ont, quant à elles, principalement
recours au vecteur aérien et s'appuient sur des « mules »
transportant des stupéfiants dans leurs bagages, à
corps ou in corpore. Apparue dans les années 1990 et
en intensification depuis les années 2010, cette stratégie
permet d'acheminer de manière continue des petites
quantités à moindre coût tout en saturant les capacités
de contrôle des services répressifs. Une fois arrivée dans
l'Hexagone, la majorité des passeurs demeure en Îlede-France,
tandis qu'une partie d'entre eux se disperse
sur l'ensemble du territoire en empruntant principalement
le vecteur terrestre (ferroviaire et routier). Ils sont
pris en charge dès leur arrivée dans l'aérogare par des
membres de la filière guyanaise installés en métropole et
qui assurent la continuité du trafic sur place. Après une
période marquée par une hausse notable du nombre de
passeurs interpellés et de quantités de cocaïne saisies,
témoignant du dynamisme des réseaux, la diminution
récente des interpellations de mules semble indiquer l'efficacité
du dispositif de contrôle des services répressifs.
209. De l'importation à la revente, l'implication de
réseaux criminels puissants dans l'Hexagone. - Les
groupes criminels français actifs aujourd'hui se sont
d'abord structurés autour du trafic de cannabis, en
particulier depuis le Maroc (Rif oriental), via l'Espagne.
Dans ce cadre, ils ont recours à des modes opératoires
spécifiques, tels que le go-fast (utilisation de convois
de véhicules très rapides pour acheminer les produits
stupéfiants jusqu'en France) ou le go-slow (utilisation de
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convois de véhicules attirant peu l'attention et roulant
à une vitesse normale pour se fondre dans la masse
des véhicules).
Progressivement, les groupes français impliqués dans
le trafic de cannabis ont diversifié leurs activités criminelles,
notamment en se tournant vers le trafic de
cocaïne à partir des années 2010, attirés par la hausse
de la demande domestique pour ce produit ainsi que la
perspective de gains supérieurs.
210. Des groupes criminels français connectés
avec des réseaux étrangers. - Afin de consolider et
pérenniser leurs activités, certains trafiquants français
entretiennent des relations d'affaires avec de puissants
réseaux étrangers qui ne participent pas directement
au trafic en France. C'est notamment le cas
de la « mocro-maffia », terme renvoyant aux groupes
criminels composés de ressortissants néerlandais ou
belges d'origine marocaine et spécialisés dans le trafic
de cocaïne. Elle représente un partenaire de choix pour
les trafiquants français, les relations entretenues étant
souvent de type fournisseur / client. Dans le cadre de
« groupages », des trafiquants français passent commande
à des têtes de réseaux de cette organisation
criminelle. Plus rarement, des partenariats durables et
de confiance peuvent s'établir entre la « mocro-maffia »
et certains réseaux français. Ces alliances opportunistes
nouées avec des acteurs étrangers renforcent la place
des groupes criminels français dans le trafic réalisé sur
le territoire national.
2. Des réseaux hiérarchisés principalement
implantés dans les quartiers dits sensibles
211. La présence de nombreux micro-réseaux
autonomes sur le territoire. - De multiples réseaux de
petite taille (moins de 5 personnes) sont présents sur
l'ensemble du territoire national et se livrent à un trafic
local sur des secteurs géographiques restreints. Ces
réseaux s'approvisionnent par eux-mêmes en petites
quantités, soit dans les grandes agglomérations françaises,
soit les centres de redistribution européens (aux
Pays-Bas par exemple). Si le phénomène est a priori
localisé et circonscrit à quelques individus, ces structures
autonomes peuvent cacher une réalité plus complexe et
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