Droit & Pratique professionnelle - Droit et pratique de la lutte contre la criminalité organisée - 1re - 70

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B. L'influence ancienne des groupes
étrangers sur le territoire national,
aujourd'hui en recomposition
1. Des organisations étrangères structurées
selon des logiques variées
216. Les organisations criminelles étrangères
s'appuient sur les diasporas. - Plusieurs organisations
sont impliquées de longue date dans le trafic de stupéfiants
sur le territoire national. Structurées selon des
logiques variées, elles s'appuient sur la diaspora issue
de leur pays d'origine pour pérenniser leurs activités
criminelles en France et se livrer au trafic de stupéfiants
de manière autonome. Parmi ces organisations étrangères,
il existe deux modes d'organisation principaux :
l'organisation mafieuse et l'organisation communautaire.
217. Des organisations de type mafieux actives
dans le trafic de stupéfiants. - Selon J.-F. Gayraud
(2005), le terme de mafia ne peut s'appliquer à l'ensemble
des groupes criminels organisés mais seulement
à ceux combinant un enracinement profond et ancien
dans le territoire leur permettant de prendre en main
son administration, une pluriactivité offrant une grande
capacité de résilience, et une sociologie proche de la
société secrète (rites initiatiques, hiérarchie etc.). En
France, la présence de la mafia italienne dans le SudEst
est ancienne, et s'est historiquement appuyée sur
les descendants d'immigrés italiens installés sur le territoire
national. L'influence de la 'Ndrangheta calabraise,
acteur majeur du trafic de cocaïne en Europe du Sud,
s'y est renforcée à partir des années 1990, à la suite
de l'accentuation de la politique répressive en Italie.
Aujourd'hui, les autorités françaises considèrent que le
territoire national est une zone de repli, plus que d'expansion,
des activités mafieuses italiennes.
En revanche, depuis 2015 est observée une implication
croissante de groupes albanais présentant une
structuration de type mafieux dans le trafic de stupéfiants
en France. En effet, ces organisations criminelles
s'articulent autour d'un ancien droit coutumier local (le
Kanun), imposant une hiérarchie et un cloisonnement
par les liens du sang ou par l'appartenance à un même
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village. Elles sont donc caractérisées par un fort entresoi
et une grande imperméabilité. L'ensemble de l'activité
criminelle en France est coordonné à distance par
le chef de clan, protégé dans son fief en Albanie où il
jouit d'un important pouvoir local.
218. Des organisations communautaires utilisées
par les trafiquants. - Les groupes criminels à caractère
communautaire sont structurés autour de membres partageant
une même origine géographique et culturelle. Le
lien avec le pays d'origine, qui peut être producteur ou
constituer une zone de rebond pour certains produits
stupéfiants, permet aux organisations communautaires
d'entrer sur le marché français en assurant la revente.
Ces structures sont par ailleurs liées aux filières d'immigration
légale et illégale, ce qui permet le recrutement
d'immigrés récents pour le trafic. C'est le cas des
réseaux sénégalais actifs à Paris. Liées aux filières de
cocaïne d'Afrique de l'Ouest, ces organisations, principalement
constituées de fabricants-revendeurs, ont
progressivement pris la main sur le trafic de crack à
partir du début des années 1990.
2. Une implantation territoriale en pleine
évolution
219. La montée en puissance des groupes albanais
sur l'ensemble du territoire grâce à une grande
adaptabilité. - Actifs sur le territoire national depuis le
début des années 2010, les groupes albanais se sont
d'abord implantés dans l'est de la France, à proximité
des zones frontalières (en particulier les régions Grand
Est et Auvergne-Rhône-Alpes) afin d'y revendre l'héroïne
acheminée par les organisations transnationales
albanaises via la route des Balkans. Ils ont par la suite
progressivement étendu leurs activités sur l'ensemble
du territoire national. Leur stratégie d'expansion territoriale
repose sur une implantation dans les villes de
taille moyenne, jusqu'alors relativement épargnées par
les trafics, ainsi qu'une approche nomade, notamment
en mettant en place des points de deal éphémères permettant
d'éviter les conflits de territoire et de compliquer
la surveillance policière. Ils sont d'ailleurs caractérisés
par une forte mobilité transfrontalière, pour importer les
stupéfiants mais également se replier à l'étranger, tout
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