Droit & Pratique professionnelle - Droit et pratique de la lutte contre la criminalité organisée - 1re - 72

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réservée aux cibles d'ampleur quelques années auparavant.
Elle apparaît alors disproportionnée par rapport
aux objectifs.
Ce rapport décomplexé à la violence de la part des plus
jeunes se traduit par un rajeunissement notable des personnes
impliquées dans les règlements de compte. En
effet, au premier semestre 2023, plus de la moitié des
personnes blessées ou tuées lors de fusillades liées au
trafic avaient moins de 25 ans. Ce sont principalement
les « petites mains » du trafic qui sont exposées à ces
violences.
224. Une militarisation des moyens couplée à un
amateurisme des pratiques. - Le recours fréquent à la
violence est rendu possible par une disponibilité accrue
des armes à feu dans le trafic, y compris des armes
de guerre telles que les kalachnikovs. En 2020, 25 %
des armes saisies en France l'ont été dans le cadre
d'enquête portant sur le trafic de stupéfiants (source :
OCLCO). Par ailleurs, la très grande majorité de ces
enquêtes donne lieu à la découverte d'armes à feu, y
compris pour les réseaux de taille réduite.
Cette diffusion des armes ne s'accompagne pas nécessairement
d'une maîtrise accrue de ces dernières. Ainsi,
de nombreuses cartouches non percutées sont retrouvées
à proximité des scènes de crimes en lien avec
le trafic, signe que l'arme utilisée est défectueuse ou
mal entretenue. De même, les tirs sont peu précis, la
pratique du « rafalage » étant de plus en plus fréquente,
générant des victimes collatérales. En mai 2023, à
Marseille, une mère de famille était ainsi abattue dans
sa voiture alors qu'elle circulait à proximité d'un point
de deal ciblé par des coups de feu. Le couplage de
la militarisation des pratiques et de l'amateurisme des
acteurs est donc particulièrement préoccupant.
225. Une tendance à la sous-traitance de la
violence. - Le recours à des tueurs à gage dans le
cadre de règlements de compte se développe depuis
quelques années. Ce sont en général des trafiquants
de haut niveau qui commanditent des violences à l'encontre
d'équipes concurrentes, allant jusqu'au meurtre.
Cette externalisation s'inscrit dans une logique de cloisonnement
et de protection des commanditaires. Ainsi,
des règlements de comptes avec des actions type
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commando peuvent être sous-traitées à des professionnels,
souvent issus du grand banditisme.
Bien que confiée à des acteurs extérieurs au trafic, cette
violence n'échappe pas aux évolutions mentionnées
supra. Ainsi, un amateurisme croissant des tueurs engagés
est observé, des criminels inexpérimentés, inconnus
des services de police et de plus en plus jeunes
s'improvisant tueurs à gage pour quelques dizaines de
milliers d'euros. Le cas d'un individu de 18 ans, mis en
examen en avril 2023 pour 3 assassinats liés au milieu
des stupéfiants à Marseille, est à ce titre emblématique.
Le jeune homme, recruté via Snapchat, devait abattre
ses cibles pour 20 000 à 40 000 euros puis en apporter
la preuve en transmettant la capture vidéo à ses
commanditaires. Cette affaire traduit la mutation des
profils recrutés, ainsi que l'évolution concomitante de
leur rémunération. En effet, là où un sicaire professionnel
est rétribué environ 100 000 euros par contrat, les
tarifs sont à la baisse pour les prestations des tueurs
amateurs.
3. La violence des trafiquants s'étend au-delà
des groupes criminels
226. Contraindre des acteurs essentiels : une
nécessité pour faire prospérer le trafic. - Les violences
liées au trafic de stupéfiants ne sont pas circonscrites
aux seuls membres des groupes impliqués,
mais touchent également des individus exerçant des
professions utiles aux trafiquants. Ces professionnels
sont ciblés afin d'être enrôlés de force dans le
réseau. C'est en particulier le cas des dockers, maillons
essentiels de l'importation de la cocaïne en France
du fait de leur accès privilégié aux cargaisons arrivant
dans les ports. Ces derniers sont sollicités par
les trafiquants pour la fourniture de leur badge et le
déplacement de conteneurs. Les violences à leur égard
sont en hausse depuis 2017 : elles vont de simples
menaces (ciblant parfois la famille) à des enlèvements
et séquestrations, jusqu'à l'homicide tel qu'observé
en juin 2020 au Havre. Si ce phénomène est probablement
étendu à l'ensemble des ports, les affaires
traitées jusqu'alors par les autorités sont concentrées
dans les emprises du Havre, de Nantes Saint-Nazaire
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