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LA MENACE DE LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE EN FRANCE
être définie comme regroupant « toutes les infractions
pénales tentées ou commises à l'encontre ou au moyen
d'un système d'information et de communication, principalement
internet »12
.
Depuis plusieurs années, la cybercriminalité n'est plus
l'apanage de malfaiteurs isolés. En effet, la criminalité
informatique organisée constitue une forme de criminalité
de plus en plus offensive. Ce constat peut être
établi d'une part s'agissant de son impact, d'autre part
de son écosystème et enfin considérant les outils techniques
utilisés.
276. Impact de la cybercriminalité organisée. - La
cybercriminalité constitue l'une des menaces les plus
critiques en matière de criminalité organisée. La persistance
de cette menace représente une tendance de
fond. L'interconnexion croissante des systèmes d'information
facilite en effet le développement des attaques.
La menace numérique a pour particularité d'être infinie,
rapide, internationale, mais aussi dangereuse pour la
démocratie - avec en prime des prises de risques physiques
limitées pour les cyberdélinquants. Cette criminalité
attaque en masse, se montre créative et à l'affût
de toute nouvelle opportunité possible.
Les infractions commises par les groupes cybercriminels
revêtent à la fois des enjeux stratégiques, économiques
et de sécurité nationale. Agissant à grande échelle
avec des moyens considérables, mettant en œuvre des
modes opératoires perfectionnés, et disposant d'une
forte capacité d'innovation, ces groupes exploitent la
dépendance numérique de la société et les vulnérabilités
techniques comme les failles humaines pour déployer
des activités lucratives dont les préjudices représentent
plusieurs milliards d'euros chaque année.
277. Un écosystème à part entière. - Déjà amorcée
depuis un certain temps, la professionnalisation et
la spécialisation des cybercriminels se poursuivent, de
même qu'une tendance à l'industrialisation des attaques,
avec des niveaux de technicité variables. À cela s'ajoute
la poursuite du développement d'un écosystème de la
12. Définition proposée par le Rapport « Protéger les internautes » issu du
groupe de travail interministériel sur la lutte contre la cybercriminalité
sous la direction de M. roBert, févr. 2014, p. 12.
cybercriminalité, au sens économique du terme, marqué
notamment par la proposition de services sur étagère. La
cybercriminalité en tant que service ou « cybercrime as a
service »13
(CaaS) consiste en effet à mettre à disposition
des compétences ou outils clés en main en échange
d'une rémunération. Elle a connu un essor important,
en particulier en ce qui concerne les rançongiciels. Les
échanges s'effectuent principalement au travers de
forums ou de places de marché illicites sur le darkweb.
Les services proposés à la vente, l'achat ou la location
peuvent ainsi être des vulnérabilités informatiques,
des outils malveillants, des outils d'anonymisation ou
bien encore des compétences techniques humaines
(sous-traitance)14
.
278. Outils techniques. - Le degré des menaces que
représentent les cybercriminels est lié à la performance
des outils qu'ils administrent ou mettent à disposition.
Ceux-ci cherchent en permanence à améliorer leurs
outils, à en détecter de nouveaux, voire à détourner des
outils aux usages légitimes. Afin d'éviter d'être détectés
et de complexifier le travail des forces de l'ordre, les
cyberdélinquants développent ainsi des techniques leur
permettant de rester furtifs lors de leurs attaques, avec
par exemple le recours à la stéganographie.
Le caractère offensif de la cybercriminalité organisée
peut également être analysé au travers de la typologie
des cyberdélinquants.
§ 2 * Typologie des cyberdélinquants
279. Catégories
de
groupes
cybercriminels.
- Plusieurs catégories de groupes cybercriminels
peuvent être identifiées comme des groupes criminels
organisés qui utilisent principalement internet comme
support d'infraction à la commission d'escroqueries en
ligne, les réseaux de fait ou d'opportunité par lesquels
des individus se fédèrent autour d'une culture ou d'un
intérêt (pirates informatiques, pédocriminels, escrocs,
etc.), en passant par des groupes non inquiétés ou en
13. Rapport relatif à l'état de la menace liée au numérique, ministère de
l'Intérieur, 2018.
14. Panorama de la cybermenace 2022, Agence Nationale de la Sécurité
des Systèmes d'Information.
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