Systèmes - Le travail parlementaire sous la Ve République - 7e - 15

Prologue
20 juin 2024, nº 2024/32 ELEC). Si la dissolution a perturbé les procédures
habituelles d'investitures, ou plus généralement le fonctionnement
interne des partis12
, on ne peut pas voir dans cette convocation
exceptionnelle une remise en cause de la tendance générale à l'afflux
de candidatures.
Il n'y a donc pas de crise de vocation, même si le cursus politique
a beaucoup changé. En dépit des atteintes au statut, l'attractivité du
mandat demeure, encouragée par le remboursement des frais de
campagne, pour ceux qui atteignent 5% des suffrages exprimés, ou
par l'apparition d'un renouvellement des courants d'opinion et des
thèmes de débat. Le pluralisme pendant la campagne électorale
est particulièrement garanti13
: le choix de l'électeur doit être le
plus large et le plus éclairé possible. Et pourtant, la désaffection du
corps électoral est grande.
Ici encore, 2024 fait figure d'exception avec des taux de participation
de 66,4 % au premier tour et 66,3 % au second. La forte mobilisation
des électeurs s'explique par l'existence d'enjeux, l'affrontement
des extrêmes, mais aussi l'incompréhension du corps
électoral face au motif qui déclenche la dissolution, c'est-à-dire la
montée du Rassemblement national à l'élection des députés européens,
et au manichéisme des choix offerts. Nombre d'électeurs
procèdent par élimination plus que par vote d'adhésion, surtout au
second tour, où les désistements enferment les électeurs dans un
choix binaire. Pour autant, cela n'engendre pas d'abstention. Cette
situation contraste fortement avec le désintérêt de plus en plus en
plus marqué manifesté par les électeurs, lorsque l'enjeu leur paraît
faible.
Aux élections de 2017, les taux d'abstention au premier tour, le
11 juin (51,8 %), comme au second (57,4 %) n'ont jamais été aussi
élevés, plus forts que pour les élections européennes qui les ont suivies
le 26 mai 2019, témoignant du fait que la chronologie électorale
fait de l'élection des députés, aux yeux des électeurs, une suite de
12. V. par ex. TJ Paris, 14 juin 2024, nº RG 24/5420, à propos de l'exclusion du président des
Républicains, Éric Ciotti, due à son ralliement au Rassemblement national.
13. Cons. const., 8 septembre 2017, nº 2017-752 DC : « la liberté d'expression revêt une
importance particulière dans le débat politique et dans les campagnes électorales »,
même si les nouveaux éléments tardifs de polémique (Code électoral, art. L. 49-1), les
arguments excluant toute « défense utile » (CE, 23 déc. 1989, Él. mun. de Cannes,
v. concl. CHAÏD-NOURAÏ, LPA, 3 juill. 1991) depuis la loi du 22 décembre 2018 (Code
électoral., art. L. 163-1) les « fake news » sont sanctionnées, ces dernières au nom du
principe constitutionnel de sincérité du scrutin (Cons. const., 20 déc. 2018, nº 2018-773).
Depuis la loi du 21 mars 2024 (Code électoral, art. L. 52-18-1 et s.), tout candidat est protégé
contre les menaces.
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