54 MÉTHODES DU DROIT TRANSITOIRE EN MATIÈRE CIVILE 21. Apparence logique des solutions. Si les champs respectifs de l'avenir et du passé peuvent s'avérer d'une délimitation incertaine, une méthode fondée sur leur distinction reposerait du même coup sur une fausse évidence. Élaborées à partir de ces notions, les méthodes classiques du droit transitoire vont hériter des difficultés qui leur sont liées. Les mêmes termes peuvent donc justifier des solutions opposées pour un même cas. Il s'avère alors particulièrement difficile de retrouver une cohérence entre les solutions fondées sur de telles méthodes. Comment systématiser les solutions pratiques adoptées sur la base de concepts ambivalents ? La théorie de l'effet immédiat et celle des droits acquis se révèlent de ce point de vue réversibles, à la fois entre elles car l'une comme l'autre prétend s'appliquer à l'ensemble des cas, et pour elles-mêmes car une même théorie peut justifier une solution et son contraire. Alors qu'elles devraient fonctionner comme une application de l'article 2 du Code civil et du principe de rétroactivité qu'il porte, elles ne parviennent pas à s'imposer comme authentiquement normatives, leur rôle devenant alors celui d'un écran dissimulant une réalité pragmatique. En jouant sur l'ambiguïté de leurs concepts et sur l'incertitude des représentations du temps qu'elles emportent, les théories classiques n'offrent qu'un habillage à l'opportunité. Les solutions ne sont logiques qu'en apparence (Titre II).