Bibliothèque de droit public - Tome 343 - Le droit à l'alimentation et la lutte contre la précarité alimentaire en France - 47

UNE CONCEPTION ÉVOLUTIVE DE LA LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ ALIMENTAIRE
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L'analyse des famines passe d'une approche axée sur les disponibilités à une nouvelle
approche, portée sur les capacités d'accès.
45. Ce changement de paradigme est particulièrement bien illustré par les
dans
. Il
modifications qui ont été apportées successivement aux différentes définitions de
la sécurité alimentaire adoptées. Le concept de sécurité alimentaire émerge56
les années 1970, à la suite de la grave crise alimentaire mondiale en 1972-197357
s'inscrit dans l'objectif d'amorcer une réflexion systémique sur les causes des
crises alimentaires et sur les moyens de les prévenir58
. En 1974, la sécurité alimentaire
est définie par l'ONU comme « la capacité de tout temps d'approvisionner
le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation
alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix »59
duit la considération d'enjeux encore principalement60
. Cette approche traliés
à la production alimen,
dans le
. Cette nouvelle définition
taire, à la répartition des produits vivriers disponibles et à la considération de la
faim et de la malnutrition uniquement dans les pays en développement61
prolongement du modèle malthusien. En 1983, lors d'une nouvelle crise alimentaire
mondiale, le concept est « révisé et élargi par la FAO, avec l'approbation du
CSA [Comité de la sécurité alimentaire mondiale] »62
témoigne du revirement dans l'appréhension de ce concept, désormais focalisé sur
la notion de l'accès à l'alimentation et non plus sur la disponibilité : « La sécurité
alimentaire consiste à assurer à toute personne et à tout moment un accès physique
et économique dont elle a besoin »63
. La référence est alors l'individu et non
56. Le terme sécurité alimentaire est intégré dans l'Engagement international sur la sécurité
alimentaire mondiale, adopté par la résolution 3/74 de la Conférence de la FAO en novembre 1973.
Puis, il est consacré par son inscription dans la Déclaration universelle pour l'élimination définitive
de la faim et de la malnutrition adoptée lors de la Conférence mondiale de l'alimentation tenue à
Rome en 1974 et par la création du Comité de la sécurité alimentaire mondial lors de cette même
conférence.
57. Sophie Thériault et Ghislain Otis, « Le droit et la sécurité alimentaire », op. cit., pp. 577-578.
58. Ibid., p. 577.
59. Nations Unies (1975). Rapport de la Conférence mondiale de l'alimentation tenue à Rome en
novembre 1974, New York, référence donnée par Comité de la Sécurité alimentaire mondiale (CSA),
S'entendre sur la terminologie, op. cit., p. 14.
60. Ce propos doit être nuancé car pour Urban Jonsson l'adoption de la Déclaration pour
l'élimination définitive de la faim et de la malnutrition marque une inflexion dans la conceptualisation
de la faim avec l'introduction de considérations sociales et politiques et non plus uniquement techniques
dans la lutte contre la faim et la malnutrition. Urban Jonsson, « The socio-economic causes of
hunger », in Food as a human right, The United Nations University, 1984, pp. 22-36.
61. Dans la Déclaration universelle pour l'élimination définitive de la faim et de la malnutrition,
la Conférence proclame dans le 1er point : « le droit inaliénable d'être libéré de la faim et de la
malnutrition » et l'objectif commun de tous les pays de la communauté internationale de « l'élimination
définitive de la faim ». Dans ce but, les principaux points évoqués sont l'accroissement de
la production agricole (points 2, 4, 6, 8 et 11 : lui accorder la priorité dans les politiques agricoles,
lever les obstacles qui entravent la production et développer les emplois, lutter contre le gaspillage
en ce but, développer et promouvoir la technologie de la production alimentaire et leur partage aux
gouvernements et institutions scientifiques des pays en développement), la répartition équitable
des produits vivriers entre États et au sein des États (point 2), la considération des aspects humanitaires
et des urgences alimentaires (points 3 et 12), la protection des ressources naturelles, y
compris en milieu marin (points 5 et 9) et l'aide, la coopération ou collaboration entre États
(points 7, 10 et 12).
62. Comité de la Sécurité alimentaire mondiale (CSA), S'entendre sur la terminologie, op. cit.
§ 12.
63. FAO (1983). Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CFS 83/4) : Rapport du Directeur
général sur la sécurité alimentaire mondiale : Une réévaluation des concepts et approches. Rome. Référence
donnée in ibid., p. 14.

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