Mélanges - Écrits de Jean-Louis Pezant -1 - 59

la pensÉe polItIQue de WaldecK-rousseau

l’accord express du gouvernement, ne pouvait que trouver l’adhésion des républicains et, a fortiori, celle du légiste Waldeck-Rousseau. C’est pourquoi d’ailleurs celui-ci a toujours combattu la séparation de l’Église et de l’État pour maintenir le clergé dans les liens d’un concordat qui aurait reçu l’approbation des Parlements de l’Ancien Régime, porte-parole des gallicans et des rédacteurs de la Déclaration gallicane de 1682. Waldeck-Rousseau traduisait ainsi ce sentiment : « Non, le Gouvernement n’a aucune animosité contre cette Église française, qui, il y a deux siècles, par la voix de ses évêques, condamnait si hautement ces doctrines ultra‑montaines et anti‑nationales sous lesquelles on veut aujourd’hui la courber. » 160. Curieuse alliance de la République avec l’absolutisme, que nous retrouverons d’ailleurs en étudiant la question des congrégations. Le respect du Concordat n’est donc pas pour Waldeck-Rousseau l’occasion de brimer une religion qu’il ne pratique pas mais qu’il respecte, mais celle de s’opposer à l’intervention du Pape, dans des affaires nationales 161 ; malgré sa volonté de fonder son attitude sur des arguments rationnels : « Si je n’ai pas cessé de défendre le régime concordataire, c’est qu’il s’impose par la nature même des choses et qu’il tient à la logique des faits ; il n’est, à vrai dire, qu’une manifestation, plus considérable et plus notoire qu’une autre, des lois les plus simples qui président à la direction des affaires. » 162. Il faut ajouter toutefois que, durant son ministère, Waldeck-Rousseau s’est efforcé de ne pas envenimer les relations avec le Vatican, comme l’auraient souhaité les radicaux – qui réclamaient la suppression de notre ambassade – et que le choix des évêques a souvent fait l’objet d’une transaction entre Paris et Rome. Voilà l’ensemble des raisons pour lesquelles Waldeck-Rousseau, conscient des possibilités qu’offrait le texte de 1801 pour un gouvernement soucieux de défendre les prérogatives du pouvoir civil, déclarait le 16 novembre 1899 à la tribune de la Chambre : « Aussi longtemps que nos relations avec l’Église seront réglées par un contrat, nous respecterons ce contrat et nous le ferons respecter. » 163 Paragraphe second : Faire respecter le concordat Il importait que le contrat soit respecté, d’une part par le Vatican, d’autre part par le clergé séculier. Les conflits avec le Pape étaient rares mais ils prenaient vite aux yeux de la majorité républicaine une proportion démesurée. Ainsi, le 23 décembre 1900, Léon XIII avait adressé une lettre, qui fut rendue publique,
160. 6 septembre 1880, Vol. VII, p. 11. 161. La proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale en 1870 n’avait fait que renforcer à cet égard l’intolérance républicaine. 162. Projet de discours, Vol. VI, p. 507. 163. Vol. II, p. 23.

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