ESCP Europe Alumni Magazine - N°145 - Novembre/Décembre 2012 - 74

Des ombres interminables accentuent les reliefs.

Enfin, les paysages, aussi splendides que variés, ont entretenu en permanence notre curiosité. Chaque jour, nous resterons émerveillés en découvrant d’immenses glaciers en pente douce qui se jettent dans la mer, d’innombrables sommets de toutes formes, dont certains bien pointus, d’où le nom de « Spitzberg » donné par l’explorateur néerlandais Barents lorsqu’il découvrit cette terre en 1596. Spitzberg, terre de contrastes Le Spitzberg est caractérisé par des oppositions très fortes. En premier lieu, un jour polaire qui dure 4 mois (de mai à août), alors que la nuit polaire s’étend sur 3 mois (de novembre à janvier), pendant laquelle la vie animale et végétale s’endort complètement.

Les écarts de température peuvent être très violents : nous sommes passés en 24 heures de -30°C dans la tempête à +25°C au soleil ; cela rend évidemment pour tout organisme la vie très délicate. Les lumières varient constamment : les changements de temps très rapides -un ciel limpide peut faire place à un épais brouillard en 2 heures- modifient sensiblement les perspectives, rendant difficile l’appréciation des distances. D’autre part, le soleil toujours bas sur l’horizon (entre 15 et 35°C) crée des ombres très franches, rehaussant la beauté des paysages. L’archipel du Svalbard est recouvert par les glaciers sur 60 % de sa superficie ; cela est dû au long hiver polaire qui dure 9 mois avec des températures très basses, non aux précipitations : avec une moyenne annuelle de 189 mm d’eau (Paris : 600 mm), le Svalbard est un désert ! Le contraste le plus saisissant est sans aucun doute celui de la vie animale : à l’intérieur des terres nichent seulement quelques mergules (sorte de minuscules pingouins volants au cri strident et moqueur), alors que les côtes abritent des millions d’oiseaux (mouettes, sternes, goélands, guillemots) et les rares espèces terrestres (renards, rennes, sans oublier bien sûr les phoques et les ours). Une véritable inquiétude pour l’environnement Comme l’ensemble des régions polaires, le Spitzberg est directement concerné par le réchauffement climatique ; ainsi, l’Isfjorden, où se trouve Longyearbyen, n’est plus pris par les glaces depuis quelques hivers. Les glaciers qui se jettent dans la mer reculent nettement, certains d’entre eux ont perdu plusieurs kilomètres au cours de ces 3 dernières décennies. S’il est difficile de déterminer la part de responsabilité de l’homme dans ce réchauffement, il est par contre un domaine où son influence s’avère déterminante : la pollution. Lorsque des hordes de touristes débarquent d’un bateau de croisière et laissent leurs déchets sur la plage ou piétinent un saule qui met 12 ans pour atteindre sa taille maximale de 3 à 4 cm (oui, centimètres), les dégâts sont flagrants. Moins visibles, mais beaucoup plus graves et durables sont les conséquences de la pollution générée par l’homme dans les zones habitées. En effet, les nombreux résidus qui aboutissent dans les mers se retrouvent concentrés dans quelques zones de convergence des courants océaniques. Or, environ 70 % des eaux de l’océan Atlantique, transportées par le Gulfstream, aboutissent dans cet étroit passage entre le Spitzberg et le Groenland. Les résidus sont alors absorbés par les micro-organismes marins et atteignent toute la chaine alimentaire : poissons, oiseaux, phoques, ours.

La banquise nous paraît bien mince !

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