ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 12

Personnalité du mois

En tant qu'éditeur, vous ne faites donc pas
un procès à la dématérialisation. Comment
tirez-vous votre épingle du jeu ?
Nous ne faisons aucun procès à cette évolution
mais sommes vigilants et redoublons d'imagination pour adapter nos contenus aux supports
numériques qui permettent au lecteur d'avoir en
quelques clics accès à un choix infini de livres, des
nouveautés comme des titres récents ou anciens,
ou encore à des ouvrages rares ou épuisés.
Notre chance, en tant qu'éditeur, est de vendre
des contenus exclusifs. Cette exclusivité est un
atout formidable dont ne dispose pas la presse,
par exemple.
Vous encouragez donc l'innovation en
matière d'édition...
Bien sûr et Hachette Livre a d'ailleurs été l'un
des premiers groupes d'édition à rechercher les
moyens de profiter de cette vague d'innovations.
Nous faisons partie de la plupart des instances
mondiales qui réfléchissent aux formats et interfaces de demain. Et nous créons chaque mois des
produits innovants, plus interactifs, enrichis par
rapport au livre imprimé.
Mais notre souci aujourd'hui reste de veiller à ce
que les nouveaux modèles économiques, les prix
de vente et la nouvelle chaîne de valeur n'affaiblissent pas l'écosystème très particulier qui permet
à nos auteurs, à nos éditeurs, et aux libraires de
prospérer ensemble et justement.

L'édition est la première industrie culturelle en France, devant la musique, le cinéma, les jeux
vidéos.
Comment luttez-vous contre Amazon ?
Amazon est un partenaire commercial, nous ne
luttons pas contre eux. Nous lui fournissons des
contenus ; et la taille de notre groupe est telle que
le rapport de forces est équilibré.
Quel est le principal défi auquel Hachette
Livre doit faire face ?
C'est bien sûr le passage au numérique. Un vrai
mouvement de fond a lieu depuis cinq ans dans
les pays anglo-saxons où les gros lecteurs puis
d'autres consommateurs se sont équipés de liseuses et de tablettes. Ils passent du papier à
l'écran ce qui explique que nous publions nos
livres aujourd'hui sous deux formats : le papier et
le numérique. Aujourd'hui, aux USA, environ 40 %
de volumes vendus en littérature le sont en format
numérique.

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Les jeunes sont-ils les plus grands adeptes
de ces nouveaux supports de lecture ?
Non, ce ne sont pas eux qui adoptent en premier la
lecture numérique, simplement parce que les jeunes n'achètent que très peu de livres et l'adoption
d'une liseuse ou d'une tablette renchérirait énormément le prix du livre pour celui qui ne lit que
deux à trois livres par an.
On nous avait annoncé une génération de digital
natives qui s'éloignerait du livre imprimé, et peut
être du livre tout court. Nous n'assistons pas du
tout à ce phénomène. Peut être, parce que les jeunes continuent à apprendre à lire dans des livres ?
Ou tout simplement, parce que leurs parents les
éveillent encore dès 18 mois avec des livres illustrés plutôt que des consoles ? J'ai appris, depuis le
temps, à me méfier des prédictions des vendeurs
de technologies.
En revanche, les gros lecteurs adhèrent facilement
à ces nouvelles formes de lecture car elles sont
pratiques -le chargement d'un livre se fait en quelques secondes- et permettent de faire une économie de place et de budget.
La crise, que nous connaissons et qui
dure, a-t-elle des répercussions sur la
consommation culturelle du livre ?
La crise a touché le livre comme tous les autres
secteurs économiques mais dans des proportions

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