ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 19

FoCus

Par Julie SANEROT (05)

Une identité
multiple
À l'heure des restrictions budgétaires et après un démarrage difficile
en 2008, comment un lieu artistique et culturel comme le Centquatre
à Paris fait-il carton plein et représente t-il aujourd'hui un des grands
succès culturels de ces dernières années ? Réponse de Julie SANEROT,
sa Directrice de production, qui dit ici comment ce lieu culturel a été
réinventé.
Mélanger les pratiques
Ne pas avoir peur de mélanger les genres, d'emmener le public vers différentes disciplines artistiques mais aussi différentes esthétiques, semble
être aujourd'hui les premières explications de la
réussite de ce lieu d'art de 40 000 m2 situé dans le
19ème arrondissement de Paris. Aujourd'hui, le public sait et a compris qu'en venant au Centquatre
il pourra dans la même journée voir des danseurs
de hip hop s'entraîner dans la grande nef, faire
son marché bio, profiter en famille d'une grande
exposition d'art contemporain (l'exposition des
Beaux-arts vient de succéder à la rétrospective
sur Keith Haring), voir une démo d'une des jeunes
entreprises de l'incubateur du Centquatre et rester jusqu'au soir pour écouter le concert d'Ibrahim
Maalouf ou assister à la nouvelle création théâtrale
du metteur en scène Claude Régy. Aujourd'hui,
lieu de vie, lieu de résidences d'artistes, de brassage urbain et culturel, l'identité du Centquatre
est devenue plus compréhensible pour le public
en devenant multiple.
Brasser les publics
Avec une moyenne d'âge très basse, le public
est jeune mais surtout très varié. Tout le monde
semble trouver sa place : les habitués du
quartier, les Parisiens s'offrant une balade ou
les touristes venant sur les grandes expos. En
ayant une programmation innovante et créative
et en accueillant 500 000 visiteurs-spectateurs
par an, le Centquatre peut aujourd'hui facilement attirer de nouveaux partenaires privés :
locations aux entreprises, sponsorships, cercle
de partenaires... Les derniers mécènes à avoir

rejoint le projet : Kering, la
Fondation Orange, La
Halle, Na Fund!, Neuflize
OBC... sont eux aussi -à
l'image du lieu- multiples
et très complémentaires.
Partager et renouveler
en permanence
Une des autres singularités du projet artistique
de ce lieu est son ouverture à tous les types de
partenaires. L'Institution
invente aussi en permanence des collaborations
avec d'autres lieux culturels, d'autres porteurs de
projets autour d'envies communes et d'artistes.
Toutes les modalités peuvent ainsi être mises en
place : co-programmation, co-production, co-réalisation, communication commune...
Chaque partenariat se construit de façon ad hoc
suivant les projets, leur ampleur, la renommée
de l'artiste, le type de partenaire (public, privé,
musée, théâtre, entreprises, galeries...). Les bénéfices sont à tous les niveaux : communication
à plus grande échelle, économies sur les coûts
artistiques, développement des publics, durée
plus longue d'exploitation des spectacles...
Aujourd'hui, c'est plus de la moitié de la programmation (exposition, concert, spectacles) qui
est constituée par des projets créés en partenariats. Le directeur du Centquatre, José-Manuel
Gonçalvès, résume cela par le fait que « l'identité
du lieu ne se fonde pas sur l'exclusivité mais sur
le partage ».
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Dans le Labyrinthe de
Michelangelo Pistoletto au
CENTQUATRE-Paris.
Michelangelo Pistoletto
est représenté par
Galleria Continua.

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