ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 22

FoCus

Par Fabrice LACROIX (95)

Début de diète
DGA gestion-finances de France Télévisions, Fabrice LACROIx évoque ici les
difficultés et les défis auxquels son groupe fait face en ces temps de crise,
en répondant à nos questions.

France Télévisions est-elle au régime sec ?
quotas d'œuvres européennes ou en français, ou
La télévision publique n'est pas à proprement parde représentation de la diversité. Le groupe difler « au régime sec », si on la compare à d'autres
fuse la plus grande variété de genres imaginable
diffuseurs publics européens, mais la diète a comà la télévision.
mencé. L'entreprise est largement touchée par la
L'ampleur de ce qui est attendu de la télévision
situation économique : d'une part les concours
publique, dont chaque Français se considère légipublics qui lui sont destinés (85 % de ses ressourtimement « actionnaire », finit d'ailleurs par brouiller
ces) seront en 2015 inférieurs de 200 M€ à ce
la hiérarchisation des « priorités ». Tout devient
que prévoyait son contrat avec l'État ; d'autre part
prioritaire, ce qui complique parfois la marche
ses recettes publicitaires se sont taries bien aude l'entreprise. Néanmoins, s'il faut en identifier
delà des effets de la crise économique, d'où une
une seule, le développement numérique constitue
perte supplémentaire
sans doute la priorité
d'au moins 100 M€.
stratégique et indusOutre le redressement
trielle de ces prochaiLe développement
des finances publines années.
numérique constitue sans
ques, auquel il est
légitime que France
Que faire pour
doute la priorité stratégique
Télévisions contribue,
ré-équilibrer les
et industrielle de ces prochaines comptes ?
l'entreprise a été profondément déstabiliIl faut d'abord, pour
années.
sée par la suppression
préserver le périmètre
de la publicité après
des missions, amélio20h, intervenue en
rer significativement
2008, qui a marginalisé son offre commerciale en
notre productivité et justifier la « value for money »
la cantonnant à des écrans limités et moins valorique les Britanniques exigent de leur redevance
sés (hors prime time). Cela met en danger le mo(au demeurant bien plus élevée que la nôtre). Un
dèle de financement mixte (public-privé) qui avait
important plan d'économies a été engagé, pasfait ses preuves jusqu'ici, et empêche l'entreprise
sant notamment par un plan de restructuration de
d'optimiser sa politique tarifaire et ses ressources
650 personnes.
commerciales.
Mais au-delà des a priori parfois malveillants sur
cette entreprise, ceux qui la connaissent savent
Quelles sont les missions et les priorités du
que les seuls efforts de productivité n'épuiseront
service public ?
pas le sujet. Qui trop embrasse mal étreint : il
Les missions de l'audiovisuel public sont extrêfaudra sans doute un jour que la puissance pumement vastes : le triptyque « informer, éduquer,
blique fasse des véritables choix sur le périmètre
distraire » embrasse des obligations en matière
des missions qu'elle peut financer, donc qu'elle
d'information indépendante et de qualité, de couaccepte de renoncer, si la crise persiste, à ce qui
verture d'événements sportifs, de présence
est le moins prioritaire. Des choix douloureux et
territoriale (en France métropolitaine et dans les
politiquement coûteux. Jusqu'ici, sous toutes les
outremers), de soutien aux œuvres de création,
majorités, ces choix ont souvent été repoussés. ●
dont France Télévisions est de loin le premier
financeur (documentaires, fictions, animation ou
Propos recueillis par
Nicole Gérald
spectacle vivant), mais également de diffusion de

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