ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 32

entretiens
luXe

Alain PROST (83)

La lingerie
française se fait
haute couture...
Ancien PDG du corsetier La Perla, Alain PROST a repris la Maison Lejaby en
2012, alors en difficultés. Son ambition : recréer une filière de corsetier haute
couture en France.

La Maison Lejaby aura 130 ans
en 2014. Quelles ont été les
grandes dates de son histoire ?

C'est une Maison de tradition française qui a toujours cultivé l'esprit
d'innovation. Dans les années 20,
nous avons été les premiers à lancer
une ligne de lingerie féminine et de
maillots de bain. Puis, les matières
ont évolué. Le lycra est entré dans la
confection des sous-vêtements. Une
petite révolution que Lejaby a portée dans les années 50. Innovateur
nous l'avons été aussi dans les années 70, aux grandes heures de la
libération sexuelle. Au rejet du soutien-gorge, Lejaby répondait en lançant les premiers sous-vêtements
de couleur, des triangles gais et
légers qui se faisaient oublier ! Plus
tard en 1994, l'innovation a pris la
forme d'un sous-vêtement invisible,
Nuage, dont le concept fut depuis
maintes fois copié.
Quelles ont été vos premières décisions à la
reprise de la société en 2012 ?

En lançant Maison Lejaby Couture quelques
mois après mon arrivée, j'ai voulu retrouver cet
esprit créatif et mettre en avant l'excellence
française dans le domaine de la corseterie et
du bain. Ce qui fait notre différence, c'est l'utilisation de matières haute couture : broderies
et dentelles de Calais des Maisons Darquer,
Sophie Hallette et Codentel ; soieries de haute
tradition lyonnaise de la Maison Denis & Fils...
Nos parures sont également réalisées dans des
ateliers de confection française. Un savoir-faire

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auquel nous avons voulu rendre hommage en
arborant sur chacune de nos créations le prénom de celle qui les a réalisées.
J'ai voulu aussi insuffler une culture du management comme celle enseignée à ESCP Europe,
essentielle au développement des entreprises
du luxe.
Fin 2012, la Maison Lejaby a ouvert un
Salon Couture. Un concept inédit en France
dans le domaine de la lingerie...

En effet, nous souhaitions donner un écrin à nos
collections haute couture en créant un salon
d'exception. Situé au 5 rue Royale à Paris, il
sera bientôt décliné dans d'autres villes françaises et internationales (Londres, Shanghaï par
exemple). Sur rendez-vous, les femmes peuvent
venir y acheter ou commander sur mesure de
luxueux dessous : bodies en dentelle, pyjamas
de soie, robes de cocktail... Des défilés privés y
sont organisés pour nos plus fidèles clientes.
Quelles sont vos ambitions sur les marchés
étrangers ?

Nos collections sont déjà en vente chez les détaillants spécialisés luxe en France, Allemagne,
Angleterre, Italie et même en Russie, à Moscou
où nous avons déjà six points de vente. Nous
souhaitons développer notre activité au MoyenOrient et en Chine. Nous resterons sur ce
qui fait la spécificité de la lingerie française :
élégante, sensuelle et raffinée, tout en nous
adaptant aux spécificités des marchés. Au
Moyen-Orient, les femmes aiment avoir des
déshabillés jusqu'aux pieds alors qu'en Chine,
elles cherchent des produits qui amplifient et
magnifient leurs formes.
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Propos recueillis par Céline Jacquot

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