ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 54

VoYaGes

Le vrai début du voyage...

Visages Uzbeks.

Une fois la décision prise, il reste le plus difficile :
larguer les amarres. Quitter le logement, boulots,
écoles, anticiper les factures ou impôts, dire au
revoir aux amis, à la famille... s'affranchir du quotidien parisien est un combat, la liberté se gagne.
Nous quittons début août 2012 la Bretagne pour
une grande diagonale Européenne via l'Allemagne, l'Autriche, la Slovénie, la Croatie, la BosnieHerzégovine, l'Albanie, la Macédoine, la Bulgarie
et enfin la Turquie. De ces trois premières semaines au parfum de vacances, nous retenons l'émotion ressentie face aux restes visibles du conflit
Yougoslave à Sarajevo ou Mostar, la beauté sauvage du Nord de l'Albanie et l'apprentissage des
trains et bus en tout genre qui nous transporteront
au total sur 24 000 km à travers deux continents.

Istanbul marque le vrai début de notre voyage.
Car elle ouvre sur l'Asie et nous installe dans ce
qui sera notre rythme général des 8 mois à venir :
école 2h le matin, 4 jours par semaine, visites et
déplacements le reste du temps. Nous traversons
la Turquie via la Cappadoce -paradis pour les enfants- et atteignons Trabzon sur la Mer Noire, où les
visas pour l'Iran sont émis en temps record : 24h !
Le fait de voyager par voie terrestre et surtout les
validités courtes des visas nous obligent en effet
à obtenir chaque visa dans le pays précédent, et
jusqu'au bout la logique guidant les délais d'obtention sera restée un mystère.
Plutôt que l'accès direct en Iran, nous optons pour
un détour par le Nord, via la Géorgie, pays de
l'ex-Union Soviétique dopé aux dollars US, et les
monastères Arméniens. La route fait son œuvre,
nous tanne le cuir et nous détend le cœur. Les
rencontres se font plus faciles, les maisons plus
accueillantes. Les enfants sont de merveilleux sésames. Puis, à pied comme pour tout passage de
frontière désormais, nous pénétrons en Iran, la tête
pleine des témoignages unanimement élogieux
des voyageurs rencontrés en chemin, mais une
légère appréhension du ventre. Soyons clairs : le
peuple Iranien est le plus gentil, le plus accueillant,
le plus reconnaissant envers les touristes que nous
avons rencontrés. Ses gouvernants en font une
publicité détestable mais si l'occasion vous en est
donnée, n'hésitez pas et allez voir ce qui se cache
derrière l'image peu flatteuse du pays. Nous avons
collectionné les anecdotes et rencontres incroyables. Impossible pour nos enfants de regarder une
pâtisserie sans se la faire offrir, pour nous de chercher notre chemin sans nous faire accompagner
jusqu'à destination. Et que d'émerveillements:
Ispahan et ses mosquées et palais, Yazd au milieu
du désert, Persépolis...!
De pays en pays

Monastère de Khor Virap (Arménie), au pied du Mont Ararat.

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Le contraste n'en est que plus brutal avec le seul
pays du voyage où nous ne nous soyons pas sentis
accueillis : le Turkménistan. Notre visa conquis de
haute lutte ayant été arbitrairement ramené à 48h
lors du passage à la frontière, nous ne l'aurons
qu'aperçu ; suffisamment toutefois pour confirmer
la réputation sulfureuse de cette dictature d'opérette, où les statues en or massif des deux tyrans
mégalos s'étant succédé au pouvoir trônent au
milieu des ronds-points.
C'est donc soulagés que nous entrons en
Ouzbekistan et découvrons ses joyaux : Bukhara
et Samarkande. Plusieurs fois rasées et reconstruites, ces deux villes furent des étapes majeures sur
la route de la Soie. Nous traversons le pays d'Ouest
en Est au milieu des champs de coton, monoculture à l'origine de l'assèchement de la Mer d'Aral,
et parvenons au bout de la vallée de la Fergana, à

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