ESCP Europe Alumni Magazine - n°151 - Novembre/Décembre 2013 - 65

Vie étudiante

Par Marie MALPHETTES, étudiante MiM/Grande École

Rideau levé !

« Qui parle, là ? Un homme, une femme, en pleine lumière, vivants,
réels et cependant éloignés, rejetés dans un monde différent, pire
que faux, vraisemblable. La voix, la démarche, le jeu des muscles,
l'ombre d'un portant éclairé par un projecteur, à tout cela je donne
un sens, un sens que toute cette gesticulation paraît appeler, exiger :
l'acte dramatique commence. » (Jean Duvignaud)
Le rideau se lève, et avec lui, c'est un nouveau
monde qui apparaît face aux spectateurs. Dans
2h, il se sera envolé en fumée, les personnages
auront disparu et ne demeureront sur scène que
quelques jeunes adultes, les yeux plissés pour
se protéger des lumières qui tout d'un coup les
aveuglent, empêtrés dans ces costumes qui, quelques instants auparavant, étaient encore pour eux
comme une seconde peau. Ce sont les acteurs qui
viennent saluer, 20 étudiants de ESCP Europe,
admis sur titres ou issus de classes préparatoires,
français ou étrangers, qui pendant un an se sont
réunis hebdomadairement autour de leur metteur
en scène professionnel pour vous présenter ce
soir le fruit de leur travail.
Vous voilà transportés quelques années en arrière,
lorsque vous étiez vous-même étudiant avenue de
la République. Ce couloir des associations, vous
l'avez parcouru, 10, 100, 1000 fois peut-être.
Vous passiez alors devant les portes d'un air décidé, sachant parfaitement où aller, qui retrouver.
Pourtant, il en est une que vous n'avez jamais osé
pousser : celle des comédiens, de la troupe, celle
d'Art Maniac.
À la fin de l'année, guidé par la curiosité, vous vous
étiez risqué avec quelques amis à prendre une place pour l'une de leurs représentations. Vous aviez
marché quelques instants jusqu'au petit théâtre
à côté de l'École, vous vous étiez assis et aviez
constaté surpris que la salle se remplissait considérablement : des visages connus, camarades,
professeurs, membres de l'administration, puis de
nouveaux visages.
Entre ombre et lumière
Le public s'impatiente, la rumeur se fait croissante
et dans les coulisses, la tension monte. La lumière
se tamise, la musique retentit. La mise en scène
est cinématographique, la scénographie porteuse
d'une quête existentialiste et philosophique sur
l'accomplissement de l'homme : « Entre ombre et
lumière, entre jour et nuit, entre bien et mal, entre

connaissance et savoir, entre passion et raison ».
Costumes et lumières font écho à ces choix : épurés, intemporels, ils participent à la confusion du
spectateur. Où est-il ? Est-ce un rêve, un cauchemar ? Et cette fumée qui s'élève de la scène et
envahit la salle, l'enveloppe, va-t-elle l'emporter lui
aussi ? Le spectateur est enlevé, projeté, emporté
dans le voyage initiatique du personnage principal.
Il oublie son siège de velours rouge, son voisin
si gênant. Il n'est plus simple spectateur, il est le
maître du jeu. Il est tout puissant, cet homme silencieux : libre à lui de laisser se dérouler l'histoire, ou
de l'interrompre en se levant. Il sait à l'avance ce
qui va advenir, il connaît les desseins des uns, les
méfaits des autres. Il domine. Ce ne sont plus devant lui ses camarades de promotion, mais Hamlet,
Lysistrata, ou Don Quichotte. Personnages éponymes pour lesquels le spectateur s'oublie, qui
le guident dans leur voyage initiatique, dans leur
quête existentielle.
La pièce d'Art Maniac provoque intellectuellement,
dérange parfois, c'est vrai. Oserez-vous venir ?
Nous vous attendons nombreux du 28 avril au
4 mai 2014 !
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Oserez-vous venir ?

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