ESCP Europe Alumni Magazine - n°153 - Mars/Avril 2014 - 27

FoCus

Par Pierre DOUCET (83)

Soif de liberté !
Si le choix de diriger l'entreprise familiale lui a quasiment été imposé
au décès de son père, Pierre DOUCET a bel et bien décidé de redevenir
son propre patron, plus tard, dans un tout autre secteur pour assouvir
sa soif de liberté. Récit.

Je n'ai pas vraiment choisi l'entreprise familiale,
j'ai été entraîné de facto dedans par le fait que
je suis né dans une famille d'entrepreneurs du
textile, confection de vêtements pour enfants plus
exactement. Mon père, créateur de l'entreprise
familiale est décédé peu de temps avant que j'intègre ESCP Europe et je suis assez logiquement
allé rejoindre et aider ma mère à la direction de
cette société de 500 personnes et 100 MF de CA
en 1985, à la sortie de l'École. Mes motivations
étaient tout simplement de reprendre le flambeau
et développer l'entreprise familiale, d'une taille
relativement importante pour l'époque avec des
implications très fortes sur l'économie locale à
Mâcon, où elle était implantée.
L'action avant tout
L'intérêt de ce type de structure est immense
pour un jeune diplômé : diversité des tâches (management d'équipes, finance, gestion, commercial, voire production dans le cas d'entreprises
industrielles). C'est un cursus qui peut prendre
des années dans un grand groupe ; avoir une vue
d'ensemble ; rapidité des prises de décision et
de leur mise en application ; implication totale
du management par l'aspect patrimonial et ses
conséquences, d'où le développement d'une vision à long terme favorisant l'investissement. On
n'attend pas de retour immédiat, on vise loin.
Et je poursuis : relations sociales plus sincères,
plus authentiques qui peuvent favoriser l'adhésion
des collaborateurs à un projet ; possibilité de croître même lorsque le marché est déprimé : dans
une conjoncture difficile, ceux qui ont une part
importante du marché souffrent, mais les petits
peuvent tirer leur épingle du jeu en étant plus inventifs, plus réactifs et plus motivés. En résumé :
l'action !
Le patron d'une entreprise familiale risque son
propre argent et/ou celui de sa famille et cela a

des conséquences sur l'implication du
dirigeant dans le fonctionnement de
celle-ci. Il ne fait pas que « passer »
comme un cadre dirigeant salarié qui
peut partir du jour au lendemain. Les
performances des PME familiales sont
la conséquence de cette implication et
des circuits de décision courts. Dans
une société familiale, on ne passe pas
son temps en réunions stériles et inutiles, on agit !
Redevenir son propre patron
Hélas, l'aventure s'est mal terminée,
comme l'ensemble des entreprises
françaises de confection et je suis parti
rejoindre une structure de taille moyenne dans le secteur des services (65
collaborateurs) en tant que dirigeant
salarié. Lorsque cette structure a été
absorbée par un groupe, je l'ai quittée
avec l'envie de redevenir mon propre patron et
c'est alors que s'est présentée l'opportunité de
racheter JFK média, régie publicitaire spécialisée
dans l'affichage sur les transports urbains.
J'ai retrouvé le bonheur de diriger une entité économique dont je suis le seul actionnaire, petite
structure de 5 personnes, réalisant 1,5 M de CA
et positionnée maintenant comme la 3ème régie de
France sur son secteur. À 53 ans, j'éprouve une
grande satisfaction à développer cette entreprise,
ce qui me permet aussi de me constituer un patrimoine sans dépendre de dirigeants incompétents,
de luttes politiques internes et d'actionnaires trop
gourmands.
Cette liberté, dont les limites sont tout de même
celles des contraintes économiques du secteur
dans lequel on évolue, est un bien précieux et
chaque étudiant de l'École peut l'acquérir grâce
à la formation d'excellence reçue.
●

ESCP Europe Magazine N° 153 - Mars/Avril 2014

27
ESCP Europe Alumni Magazine - n°153 - Mars/Avril 2014

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°153 - Mars/Avril 2014
