ESCP Europe Alumni Magazine - n°154 - Mai/Juin 2014 - 58

interview

l'Autorité des marchés financiers et à l'Autorité de
contrôle prudentiel.
L'envie d'évoluer
« J'avais envie d'évoluer, j'aspirais à faire autre
chose que du « très opérationnel », je souhaitais
avoir une activité avec une très grande ouverture,
une fonction plus macro économique.
C'est en 2013 que l'opportunité de partir à
Washington s'est offerte à moi pour représenter la
France au Conseil d'Administration du FMI et au
Conseil d'Administration de la Banque Mondiale.
Une double fonction très intéressante, permettant
d'avoir une vision mondiale des questions économiques, mon rôle étant d'approuver les décisions
prises par les deux institutions pour la France.
Cette fonction me permet aujourd'hui d'avoir une
formidable ouverture sur les grandes questions
économiques et financières du monde.
Des défis à relever

Je travaille à mi-temps pour chacune des deux
institutions et j'apprécie de manager une équipe
soudée très réactive et compétente, composée
de 15 personnes. Dans ce contexte, je vois régulièrement Christine Lagarde que je connaissais
du temps de Bercy. Je suis amené à me déplacer
environ dix fois par an en mission à l'étranger.
Par exemple, j'accompagne les équipes du
FMI en France quand ils font des rapports sur
l'économie française. Cette semaine, je suis de
passage à Paris lors d'un déplacement des administrateurs de la Banque mondiale en Tunisie
et en Egypte ».
Joindre le plaisir à l'agréable
Hervé connaissait déjà les États-Unis, ayant
fait son stage de l'ENA pendant 6 mois à NewYork aux Nations Unies. Il est venu en mission
à Washington avec sa famille et consacre ses
quelques loisirs à la découverte du pays avec ses
4 enfants de 9 à 16 ans.
« C'est un pays passionnant à découvrir, très
agréable à habiter, nous nous y plaisons beaucoup, notre famille s'est bien adaptée, 3 de mes
4 enfants sont dans une école
américaine ».

Mon défi pendant ces années à Washington est
de mener à bien deux missions majeures : celle
de contribuer au bon fonctionnement des institutions et
celle de défendre les intérêts
Il faut toujours
français. Je suis confronté à
Être un manager
rechercher des
des situations très différentes : la faible reprise éconoHervé livre son expérience de
compromis, faire
mique en Europe, la variété
manager :
des alliances, être en
des problématiques des pays
« À la Direction du Trésor,
émergents. Je suis aussi
j'avais une grosse charge
permanence dans
impliqué dans de nombreux
de travail et beaucoup de
la négociation, c'est
sujets d'actualité : la transiresponsabilités. J'ai très vite
tion dans les Pays Arabes, le
dû savoir déléguer, travailler
passionnant !
soutien à l'Ukraine...
et manager des cadres de
Au FMI, 24 administrateurs
haut vol. Lorsque je parle de
représentent le monde entier.
délégation, je veux dire motiLa France dispose d'environ 4 % des droits de
ver en donnant des responsabilités et de vrais
vote mais s'exprime sur presque tous les sujets !
moyens à mes collaborateurs, parfois très jeunes.
Il faut toujours rechercher des compromis, faire
J'appréciais les profils à forte créativité pour rédes alliances, être en permanence dans la négosoudre des problèmes complexes, capables de
ciation, c'est passionnant !
négocier et ouverts sur le monde ».
Au Conseil de la Banque Mondiale, nous participons à l'approbation des principaux projets
Son conseil aux jeunes diplômés :
financés par l'établissement. Nous contribuons à
« Faites ce qui vous motive, n'hésitez pas à
la définition de sa stratégie, en cohérence avec
prendre des initiatives et créez de la valeur » ! ●
les priorités françaises, comme le développement
durable et le soutien aux pays pauvres (notamPropos recueillis par
ment en Afrique).
Corinne ALBERT(82)

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