ESCP Europe Alumni Magazine - n°158 - Janvier/Février 2015 - 11

PERSONNALITÉ DU MOIS

Un autre secteur très dynamique est celui de la
petite maroquinerie ; c'est une façon de se faire
plaisir car cette catégorie ludique de produits
colorés coûte moins cher qu'un sac et attire des
clientes plus jeunes. C'est un bon moyen pour
elles d'accéder à la marque à partir de produits
de grande qualité et plus abordables pour elles
ou pour offrir.
Nos souliers sont des souliers de mode ; Dior
c'est l'escarpin, le soulier féminin. « C'est à ses
pieds que vous jugerez si une femme est élégante ou pas », disait Christian Dior. Le soulier
Dior est intrinsèque à l'allure de la femme Dior.
Troisième secteur d'intervention : la bijouterie fantaisie qui connaît un certain succès, autour d'un
travail sur la perle mais de façon très moderne et
sur des traitements métalliques inédits.
Tous ces produits, nous les animons sur 8 collections par an : 2 de haute couture et 6 de prêt à
porter. Le rythme est très soutenu et il faut donc
avoir une organisation parfaite pour permettre aux
créatifs de créer, de livrer et de retrouver l'énergie
de la création à la boutique.
Certains de vos concurrents ne peuvent-ils
pas se trouver au sein du groupe LVMH ?
Et, dans ce cas, comment positionnez-vous
la maroquinerie Dior ?
Au sein de LVMH, nous sommes un peu comme
une fratrie. La concurrence est saine et sympathique et chaque Maison a sa propre spécificité,
ses codes. Aucune dans le groupe ne ressemble
à Christian Dior, qui est avant tout une Maison de
Haute Couture dont la création est animée par Raf
Simons avec sa vision esthétique très contemporaine. Nos codes et nos symboles sont uniques.
Quelle utilisation faites-vous du digital ?
Le digital sert à alimenter le mythe, l'histoire de
la marque, son actualité en proposant des reportages sur les défilés, la dernière ouverture de boutique, les célébrités et surtout les secrets cachés
derrière nos créations... Je vous invite à aller sur
notre site, sur le web ou sur une des plateformes
de media social. Vous y trouverez nos nouvelles
collections, des informations sur nos produits,
savoir faire, où se trouve la boutique Dior la plus
proche.
Où sont fabriqués vos produits ?
Je veux d'abord préciser que nous sommes propriétaires de nos savoir faire. Tous les produits
Dior Couture sont fabriqués soit en France, soit
en Italie. Nous avons six manufactures aujourd'hui.
Le bassin de la maroquinerie se situe à Florence
et à Milan ; les souliers de luxe féminins sont fabriqués vers Padoue dans deux ateliers et les bijoux
fantaisie, en Allemagne, proche de savoir faire de
polissage uniques.

Quels sont les principaux lieux de
fabrication de vos produits ? En quoi, le
made in, a t il influencé votre parcours ?
Dans mon parcours, je n'ai connu que des fabrications de produits haut de gamme en France, en
Italie et en Espagne. Dès l'instant où j'ai mis les
pieds dans un atelier de maroquinerie, plus précisément de sellerie, j'ai compris l'importance des
savoir faire dans la fabrication d'un produit luxe et
l'excellence des métiers.
Ensuite, les métiers de transformation du cuir,
tannerie pour les veaux et mégisserie pour les
peaux d'agneau, se concentrent, principalement
pour notre secteur, en France (les élevages et les
tanneurs) et en Italie (les tanneurs et le finissage).
C'est donc avec eux que j'ai appris mon métier,
aux plus hauts standards de la qualité et dans une
recherche de l'excellence.
Ces métiers d'art se retrouvent donc principalement en France et en Italie. Ayant appris tôt l'italien, ce qui est un plus quand on travaille dans
le cuir, je suis resté attaché aux mêmes fournisseurs... parce que ce sont les meilleurs.

Bio express
Arnaud BAZIN (96) est Directeur des Divisions Maroquinerie,
Souliers, Bijoux et Accessoires chez Christian Dior Couture.
Il a débuté sa carrière en 1996 chez Cassina (mobilier de
prestige à Milan) comme Assistant du Directeur Marketing ;
en 1997, il a été Chef de produit chez Procter & Gamble ; de
1998 à 2001, il a été Directeur du département Équitation chez
Hermès sellier ; de 2001 à 2002, il a été fondateur et co-gérant
d'une société de conseil dans le luxe, Ittam ; de 2003 à 2012, il a
travaillé pour Chanel en tant que Responsable du Développement
pour la maroquinerie, puis Directeur Marketing de cette division,
puis Directeur assortiment pour les accessoires et enfin, Directeur
assortiment pour la mode Chanel. En 2013, il est parti chez LVMH
(Moët Hennessy Louis Vuitton) à Paris à la stratégie Groupe et
depuis septembre 2013, il occupe ses fonctions actuelles.

Parlez-nous un peu de votre parcours
professionnel : qu'est-ce qui vous anime
et pourquoi ce parcours orienté à 100 %
luxe ?
C'est une succession d'opportunités qui fait que
j'occupe ces responsabilités, aujourd'hui. Mais je
pense que je dois beaucoup à l'éducation reçue
car ma famille m'a communiqué la culture du goût
et du beau. Mes ancêtres construisaient même
des cathédrales !
J'ai débuté ma carrière en faisant un CSNE chez
Cassina (mobilier de prestige en Italie). Je me suis
alors passionné pour les produits qui ont une âme,

ESCP Europe Magazine N° 158 - Janvier/Février 2015 -

ESCP Europe Alumni Magazine - n°158 - Janvier/Février 2015

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°158 - Janvier/Février 2015