ESCP Europe Alumni Magazine - n°158 - Janvier/Février 2015 - 23

FOCUS

Par Anne-Cécile VIDAL (94)

L'art du parfum
Entre savoir-faire et esthétique contemporaine, telle est la vision
de la jeune Maison de parfums de niche et d'exception,
Parfums de la Bastide, expliquée par Anne-Cécile VIDAL,
co-fondatrice et DG de la société.

Rien de nouveau à dire mais le dire d'une manière
nouvelle en valorisant créativité et innovation, telle
est la philosophie développée pour Parfums de
la Bastide sur le marché du parfum déjà riche de
marques.
« Made in Provence »
Revenir à l'essentiel, la création de cette Maison,
est un hommage à un art du parfum « made in
Provence », authentique et contemporain, qui
bouscule la vision classique des senteurs de la
région de Grasse, berceau historique de cette
industrie. À l'origine, une conviction : la priorité
absolue, c'est la création olfactive, l'alchimie des
belles matières, sans besoin d'artifice. Le jus,
comme une évidence, le jus comme l'essentiel.
La question n'est pas la réponse à l'uniformisation
des goûts et des désirs en matière de parfum, la
réponse à une demande caractérisée en cible,
âge, CSP, habitudes de consommation. La question est celle de savoir comment la création, libre
et assumée, va séduire et rencontrer son public.
Allier savoir-faire et technicité
L'idée réside aussi, à l'ère de marques, aux discours marketing bien huilés, promouvant une
personnalité ou un nez connu, dans le fait d'initier
une démarche sincère de valorisation des métiers
de la parfumerie. L'art du parfum, au-delà de la
formulation, c'est-à-dire la capacité à transcrire en
une composition de notes une idée olfactive, c'est
également allier des savoir-faire traditionnels et
les techniques les plus pointues. Ainsi, alors que
perdurent encore dans le Lubéron des distilleries
à la vapeur, selon la méthode ancestrale d'extraction des essences, des laboratoires grassois à
la pointe parviennent à fragmenter de nouvelles
molécules à partir d'essences naturelles, ouvrant
le champ des possibles en termes de bases
olfactives.

Et puis, autour du jus, il y a
d'autres savoir-faire à préserver
en France : celui du verrier, de
l'atelier qui émaille le verre, du
tabletier labellisé « EPV, entreprise du patrimoine vivant » qui
crée des coffrets en chêne brut
avec des inserts en aluminium.
Faire l'expérience des sens
Enfin, l'objectif est de partager
avec le client final la passion
des entreprises souvent familiales qui permettent à un projet
comme celui-ci de naître et de
se développer. En amont, rien
n'est possible sans les fabricants et les artisans ; en aval, les
points de contact avec la clientèle doivent être, non pas des
boutiques au sens classique
du terme, mais des lieux de vie.
Donner du sens à un échange,
prendre le temps d'écouter,
de parler, de comprendre,
d'apprendre ce qu'est le parfum. Apprécier un
lieu comme un endroit où il est permis de faire
une « pause ».
Sentir, ressentir, essayer, partager. Pourquoi en
effet acheter un parfum sur le coin d'un comptoir ? C'est bien peu de respect pour le client qui
fait l'honneur de sa visite et c'est donner bien peu
de valeur au travail des hommes et des femmes
passionnés qui, ensemble, ont donné naissance
au produit. Alors, faire rimer création, technicité,
authenticité et esthétique contemporaine est le
pari de cette nouvelle aventure sur le marché du
parfum de niche.
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