ESCP Europe Alumni Magazine - n°158 - Janvier/Février 2015 - 48

INTERVIEW
Denis BERTHOMIER (89), DG du Centre Pompidou

Au Centre
de la culture
Issu d'un milieu modeste, diplômé de ESCP Europe puis de l'ENA, Denis
BERTHOMIER exerce une « mission de service public au service du public ».
Ancien conseiller pour la culture de Jean-Marc Ayrault, il est aujourd'hui le
Directeur Général du Centre national d'art et de culture Georges Pompidou
depuis mai 2014.
Quels sont les enjeux pour le Centre Georges
Pompidou ?
À court terme, le principal enjeu est le bon fonctionnement budgétaire, humain, administratif et
fonctionnel. À moyen terme, il s'agit d'assurer les
grands équilibres et notamment de dégager suffisamment de ressources pour continuer à financer le développement de l'institution. Pour cela, il
faut notamment porter des projets d'implantation à
l'étranger, rechercher en permanence de nouveaux
mécènes et développer la fréquentation pour
l'ensemble des propositions culturelles que nous
élaborons. Par exemple, un Centre Georges Pompidou va très prochainement ouvrir en Espagne, à
Malaga, ville natale de Picasso.
La diminution continue depuis 7 ans, des crédits
de l'État, pèse naturellement sur l'établissement.
À l'inverse, d'autres institutions patrimoniales,
comme le Louvre, Orsay, ou Versailles, le Centre
Pompidou accueillent une majorité de visiteurs
français. Pour les attirer, il faut avoir une communication très dynamique et renouveler fréquemment
les expositions, les accrochages du musée, les
spectacles.
Dans votre parcours professionnel, quelle a
été votre expérience la plus marquante ?
Celle que je viens de vivre à Matignon comme
conseiller du Premier Ministre. C'est exaltant, intense, humainement très intéressant de travailler
avec une personnalité comme Jean-Marc Ayrault.
À Matignon, on se trouve au coeur de la machine
politique et administrative, à l'endroit où l'impulsion
politique se transforme en action administrative.
Et aujourd'hui quel est votre objectif dans
vos nouvelles fonctions ?
Professionnellement, assurer le bon fonction-

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nement du Centre au quotidien. Et un objectif
personnel que je me suis donné : réguler de façon
satisfaisante le dialogue social. C'est un établissement qui, comme beaucoup d'autres, fait face à
des risques psycho-sociaux. Les métiers qui y sont
exercés sont difficiles, souvent parce qu'ils sont
intenses. L'amélioration de la situation du corps
social me paraît être un objectif important.
Le dialogue social est quelque chose que l'on
n'apprend pas à l'école. J'étais terrorisé lors de
ma première réunion avec les équipes syndicales,
il y a 10 ans ; c'était alors ma première expérience
de direction d'un établissement public culturel !
Et après quelques préavis de grève, l'expérience
aidant, j'ai appris et fini par y prendre goût.
Quel est pour vous le rôle de la culture dans
notre société aujourd'hui ?
La culture incarne une économie particulière où
il faut arriver à faire en sorte que la conjonction
d'intérêts publics et privés se transforment en
propositions culturelles susceptibles de plaire au
plus grand nombre. Cette économie est aussi liée
au savoir faire et à la technique : les artistes d'aujourd'hui sont aussi des entrepreneurs. Jeff Koons,
que nous exposons actuellement au Centre, en est
un bel exemple.
Quand vous étiez enfant que rêviez-vous de
devenir ?
À l'entrée dans l'adolescence, j'aimais l'audiovisuel. Je pensais donc à des métiers dans ce milieu
comme ingénieur du son ou caméraman car j'essayais de regarder et comprendre ce qui se passait derrière le petit écran. Comme vous le voyez,
j'ai pris une voie complètement différente !
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Propos recueillis par Charlotte TERRIS (MGE 11)

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