Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 22

Dossier

Organisation Française
de la Recherche
et de l’Industrie EMR
Contexte
La France dispose d’un vaste potentiel
naturel d’énergies marines renouvelables
(EMR), tant en métropole qu’en outremer : vent en mer, houle et vagues, courants de marée, gradient de température
entre surface et profondeurs … Au sein du
bouquet des énergies renouvelables (EnR),
sur les rivages continentaux et insulaires,
les EMRs peuvent ainsi être valorisées, locales et abondantes. Ce potentiel se double
d’une solide base industrielle et scientifique
apportée par l’expérience de secteurs maritimes et énergétiques : ces atouts doublent
l’enjeu, puisqu’avec l’attraction d’un marché européen, le plus conséquent de la planète en ce domaine, peut naître une filière
créatrice d’emplois, capable de prendre un
leadership mondial.
La diffusion récente du rapport de la mission d’étude sur les énergies marines renouvelables (mars 2013) piloté par H. BOYE
(CGEDD) présente une vision actualisée de
la situation du développement des EMRs
en France. Le rapport propose des orientations stratégiques pour les 10 prochaines
années en s’appuyant sur un état des lieux
des technologies et des acteurs. Une part
significative est évidemment consacrée à la
R&D.
La récupération des énergies marines motive les équipes de recherche française depuis plus de 30 ans. De nombreux concepts
ont été étudiés des points de vue théorique
et expérimental aussi bien pour la récupération de l’énergie des courants que pour
celle de la houle ou du vent offshore. Les
laboratoires d’EDF (LNH), de l’Ecole Centrale de Nantes (LHEAA) ou Ifremer ont
orientés les travaux principalement sur les
aspects hydrodynamiques. Le « mémoire
de l’artillerie » rédigé par Pierre Guével
(ex-directeur du laboratoire d’hydrodynamique de l’ECN, co-fondateur de Principia)
en 1985 en est un exemple et une référence
pour l’énergie des vagues.

L’intégration de la composante transformation d’énergie est plus récente. Le passage d’une idée théorique à la réalisation
concrète d’un système de production, en
intégrant les composantes de fabrication,
installation, logistique, raccordement avec
estimation des coûts associés, date plutôt
d’une dizaine d’années. Il a fallu voir apparaître l’intérêt des Etats et des industriels
pour franchir ces étapes cruciales qui ont
éliminées, de fait, un grand nombre de
concepts « théoriques ».

Les organismes en place
Dès lors que les EMRs ont été identifiés
comme crédibles en terme de production
d’électricité et d’activité industrielle associée, il est apparu indispensable de définir
et de coordonner les actions de R&D nécessaires pour lever au plus tôt les verrous.
IPANEMA a été une première initiative
mise en place et portée par l’Ifremer et l’IFPEN, regroupant tous les acteurs concernés, industriels et organismes de recherche.
Son rapport d’étape émis novembre 2009
présente une feuille de route et des propositions pour une organisation nationale.
IPANEMA a défini les fondations de l’actuel France Energies Marines.
En parallèle, une Alliance Nationale de
Coordination de la Recherche pour l’Energie (ANCRE) a été créée en juillet 2009, à
la demande de l’Etat, avec pour mission
de renforcer l’efficacité de la recherche
française dans le domaine de l’énergie en
favorisant les partenariats et les synergies
entre les organismes de recherche, universités et entreprises. Sous le pilotage de ces
fondateurs (CEA, CNRS, IFPEN) l’ANCRE
a proposé des feuilles de route stratégiques
dont une concernait les Energies Marines
(hors éolien offshore traité séparément).
Ces deux entités ne disposant pas directement de budget, leurs actions se limitaient
à des recommandations permettant des
susciter des projets, présentés ensuite à dif-

férentes sources de financement : FUI via
les Pôles de Compétitivité, OSEO, ANR,
Régions, Européen (Eurogia par exemple).
Cependant le rôle de l’ANCRE pourrait
évoluer vers le choix des axes de R&D qui
seraient à suivre par les organismes financeurs de la R&D comme l’ANR.
Un acteur important est également le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) qui
regroupe les industriels du secteur afin de
débattre des orientations de leurs acticités
et d’émettre des recommandations auprès
de l’Etat. Une commission énergie marine
est centrée sur l’hydrolien et l’énergie houlomotrice.
Il faut ajouter à cela que l’association
France Energie Eolienne, qui regroupe les
acteurs français de l’éolien, dispose d’une
commission « éolien offshore » pour compléter la réflexion et la veille active sur le
secteur.

Actions de l’ADEME
Pour soutenir le développement des technologies l’Etat a ciblé une partie des Investissements d’Avenir sur l’aide à l’industrialisation des technologies. Un premier
AMI a été émis par l’ADEME en 2007 dont
l’objectif était de cofinancer des démonstrateurs à la mer. 5 projets ont été retenus,
dont au moins 3 devraient conduire à des
tests en mer d’ici fin 2014.
De nouveaux AMI sont annoncés pour
2013 et 2014 pour soutenir :
❚a démonstration de briques technolol
giques complémentaires, et de systèmes
houlomoteurs pour le premier
❚a mise en place de ferme pilote pour l’hyl
drolien et l’éolien flottant pour le second.
Le principe de ces projets est de consolider
des éléments technologiques dont l’essentiel de la R&D est déjà abouti. Des tests en
situation réelle en forment donc l’essentiel.
Centraliens no627 [Juillet 201
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