Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 38

Carrières

é seau…
Et si la relation humaine
était au cœur du sujet

Un peu d’histoire
sur la notion de réseau

La notion de réseau, aujourd’hui
incontestablement à la mode,
ne date pas d’hier, il suffit de
remonter 2.500 ans en arrière
dans la Chine de Confucius
pour s’en apercevoir.
A cette époque, les chinois
avaient nommé guanxi
la capacité de connexion aux
autres êtres humains.
Le mot signifie littéralement
« Trouver la porte des relations
humaines ».
Selon cette idée, les relations
entre personnes entraînent
une obligation continue de
faveurs réciproques.
Le guanxi est ainsi un des
principes de vie fondé sur
la confiance, la crédibilité et
la loyauté dans les relations.
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En France, le mot est ancien et ses usages
successifs ont suivi un long parcours depuis
ses origines au XVII° siècle où il désignait un
tissu servant de piège aux chasseurs
(lat. retis : filet, en français : les rets). Au fil du
temps, il a perdu son sens diminutif et désigné un ouvrage formant un filet à mailles plus
ou moins larges. A partir du XVIII° siècle,
l’usage du mot réseau a encore évolué vers
un usage médical (réseau nerveux, sanguin)
pour s’appliquer un siècle plus tard à des ensembles de chemins, routes ou voies ferrées.
A l’origine objet (tissu, filet), le mot réseau
a progressivement été employé par analogie
pour désigner un système de mise en relation permettant de faire circuler des éléments
(réseau sanguin ou neuronal), pour devenir aujourd’hui de plus en plus abstrait avec
l’idée de réseau social, celui-ci désignant à la
fois l’outil internet de mise en relation et le
concept de réseau relationnel.
C’est bien de ce dernier que nous allons traiter
ici, c’est à dire de l’aspect relationnel du réseau
et non de ses caractéristiques techniques.

Réseau social, lien social,
tissu social
Plusieurs définitions du réseau social se côtoient. Nous retiendrons ici celle établie par
des sociologues américains dans les années
50 : un réseau social est un ensemble d’individus, reliés entre eux par des liens créés lors
d’interactions sociales, ces liens et interactions générant le tissu social.
Le lien social représente la force qui lie, par
exemple, les membres d’une famille entre
eux, ou les membres d’un groupe, d’une communauté. Cette force peut varier en intensité,
et déterminer alors la qualité de nos rapports
sociaux.
Il n’est pas rare à l’heure actuelle d’entendre
parler de «crise du lien social», de la nécessité

de « retisser » ce lien. Il existe un vrai désir
de vivre ensemble et d’une cohésion plus profonde de la société, d’une plus grande solidarité. Cette notion de lien social est fondamentale tant l’homme est, dès sa naissance, lié aux
autres, non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour
satisfaire son besoin vital de reconnaissance,
source de son identité en tant qu’homme.
Comment donc repenser ce lien social aujourd’hui, comment retisser ce lien.

Appréhender la dimension
altruiste du réseau, partir
à la recherche de l’autre,
Les notions évoquées ci-dessus soulèvent bien
évidemment la question de la qualité de la relation humaine avec autrui, au cœur de la problématique du réseau relationnel aujourd’hui.
Ne pouvant plus compter sur les solidarités
naturelles du siècle dernier, ce qui pouvait exister dans les villages par exemple ou au sein de
la famille, on assiste à une perte de confiance
dans l’autre et à une compensation par les solidarités virtuelles d’Internet.
Sommes-nous pour autant en relation avec
l’autre ? Pas pour Cacioppo, psychologue américain, pour qui Internet ne procure qu’un
ersatz de relation : «Tisser des liens avec des
relations virtuelles n’est que la tentative de satisfaire un besoin irrépressible», écrit-il. Mais
ces succédanés ne combleront jamais l’absence
des personnes réelles en chair et en os.
Nous vivons dans une forme d’isolement qui
aurait été inconcevable pour nos ancêtres, et
pourtant nous n’avons jamais été aussi accessibles, dans un monde où il est impensable
d’être injoignable, à tout instant.
Il est grand temps de cultiver notre altruisme,
à la recherche de l’autre, à l a recherche d’une
relation riche et constructive.
L’altruisme conduit à s’intéresser et à vouloir
faire le bien des autres, les aider, faire preuve
de générosité envers eux, sans rien attendre en
retour.
Centraliens no627 [Juillet 201
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