Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 39

Carrières

Comment pouvons-nous justement développer notre altruisme ?
En le cultivant, en s’entraînant...
Voici quelques pistes d’apprentissage pour
expérimenter et développer son altruisme et
donc la qualité de ses relations.
1- Rechercher le contact physique oﬀre de
nombreux bénéfices sur le renforcement de
la relation. Le contact physique favorise la
reconnaissance, la confiance, le sentiment
de sécurité.
2- Déconnecter et éteindre de temps en temps
smartphones, ordinateurs, télés et autres
écrans permet de profiter de se ré-ancrer
dans la vraie vie relationnelle, contraire du
« butinage relationnel » où l’outil prévaut
clairement sur la personne.
3- Cultiver la gentillesse, dans le sens d’empathie, c’est à dire l’attention dirigée vers les
autres est en cherchant à comprendre qui
ils sont mais aussi ce qu’ils ressentent. En
agissant ainsi, vous augmentez fortement
vos chances de recevoir la même chose en
retour et de provoquer ainsi la réciprocité de
votre générosité.
4- Oser l’entraide et la coopération est bien plus
nourrissant que d’entretenir la méfiance
et le repli sur soi, qui consistent à ignorer
l’autre plutôt qu’à lui rendre un service. Si
vous n’attendez en retour rien d’autre que le
plaisir de faire ensemble, vous allez découvrir… que c’est possible.
5- S’autoriser « l’IRL » (In Real Life : « dans la
vraie vie »), prolongement naturel des réseaux sociaux, permet de rendre réelle une
relation qui s’est développée sur Internet.
Les réseaux sociaux sont en eﬀet un moyen
comme un autre d’accroître son réseau de
relations, autour de thématiques ou par
simples aﬃnités. Mais pensons à quitter nos
écrans et allons à leur rencontre… en chair
et en os.

Le réseau plaisir,
L’élan vital nous vient des autres

Etre en réseau, c’est donc, avant tout, une
aptitude à créer du lien, à susciter une vraie
dynamique pour entrer en relation, à savoir
donner sans recevoir tout de suite.
Pour illustrer ce propos, voici deux exemples
de personnes qui ont en commun à la fois une
grande aptitude à créer du lien et l’art de cultiver l’élan vital qui en résulte.
Le docteur Michèle Salamagne, médecin anesthésiste, a dirigé durant 15 ans un centre de
soins palliatifs.
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« C’est justement cette chaîne de compétences
et de présence entre médecins, aides-soignantes, psychologues, infirmiers, bénévoles
qui, dans ces unités, génère de l’élan vital. Ce
qui vous donne de l’élan, c’est la conviction que
vous êtes un maillon constructeur de vie. Seul,
avec nos doutes devant la souﬀrance, on ne
sait pas toujours à quoi on sert mais, ensemble,
en interdisciplinarité, nous créons une dynamique. Nous vivons beaucoup de « violence »
dans ces unités, violence de certains malades
qui nous rejettent, de familles qui se déchirent.
Mais que nous soyons croyants, athées, militants de gauche ou de droite, notre équipe hétéroclite se rassemble autour des valeurs communes du respect de l’autre, de la conviction
que nous pouvons construire du positif pour
une fin de vie... et ça, c’est créateur de projets…
…C’est peut-être cela l’élan vital : un autre rapport au temps qui nous pousse à rester dans
le présent sans accélérer les choses, sans se
perdre dans la « frénésie » du faire qui rassure
et comble la peur du vide. Savoir se mettre au
diapason de l’autre, sans casser l’énergie qui
passe.»
Atanase Périfan est à l’origine de la Journée des
voisins, initiative lancée en France en 2000.
«Il est vital de faire bouger les choses et de saisir des prétextes pour recréer du lien. Or, après
la famille et les collectivités locales, le voisin
est le troisième niveau de proximité et la part
de générosité, qu’il y a en chacun de nous, ne
demande qu’à être réveillée.
Il faut retrouver une pédagogie de la solidarité
et du geste avec les plus jeunes notamment…
…On a un besoin vital d’aller vers l’autre. Regardez, cette année, j’ai dû rencontrer 15.000
personnes. Certes, il m’a fallu déployer beaucoup de ténacité pour convaincre, mais j’ai
résolu mon problème d’énergie vitale, je sais
à quelle source puiser. Fondamentalement,
j’aime les gens, je ne peux pas être heureux tout
seul ! »

Tisser des liens durables

Le socle fondamental d’un bon réseau relationnel, c’est avant tout la générosité, la curiosité et l’ouverture aux autres.
C’est seulement à ce moment là, lorsque l’on
cesse de chercher la réciprocité à tout prix, que
l’on peut tisser des liens de confiance et d’amitié durable avec les gens de notre réseau.
Le fait d’être avant tout curieux et désintéressé
à l’égard des personnes dont on apprécie le
travail et la personnalité, permet d’instaurer
une relation de confiance. Un jour peut-être

le parcours de l’une d’entre elles rencontrera
le vôtre et à ce moment là, sans l’avoir attendu
ou prémédité, une émulation aura lieu et une
véritable réciprocité pourra se mettre en place.
A chacun bien sûr de rester ouvert aux situations et surtout à l’écoute des autres.
La durabilité du lien dépend encore d’un autre
élément, évoqué par Jean-Claude Kaufmann,
sociologue français. Même en ayant le « goût
des autres », celui-ci s’accompagne souvent
d’une frilosité marquée par la peur de l’engagement et le désir de contrôle.
« On veut être en relation, mais on ne veut pas
être pris dans la relation. »
La notion de «savoir s’entourer» est donc complexe, car on doit faire des choix de personnes,
organiser et contrôler son réseau relationnel,
et en même temps savoir s’abandonner et faire
confiance. Bien s’entourer est un travail qui
exige une attention particulière.»
Comme pour un tissu, le réseau relationnel
durable suppose une attention particulière à
la qualité des liens, mais aussi une vigilance
constante quant à l’entretien de ces liens.
« Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens. C’est lorsque vous donnez de
vous-mêmes que vous donnez réellement.
De Khalil Gibran
Extrait du Prophète

Marie-France
Sarrazin
Marie France Sarrazin
commence sa carrière au
sein de grands groupes,
Alstom
puis
Suez
Environnement, sur des
missions de contrôle de gestion et conduite
du changement. Elle a notamment travaillé à la mise en place d’une structure de
contrôle de gestion européen.
Depuis 8 ans, elle accompagne comme
consultante et coach des cadres en phase
d’évolution professionnelle et des équipes
dans le développement de leur potentiel.
Elle est diplômée de l’ESLSCA Paris,
formée au Coaching par Lynne Burney,
et au Co développement professionnel .

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