Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 46

C entraliens
En construisant
des usines bien pensées,
la France peut être compétitive dans
le secteur des énergies marines
Frédéric GRIZAUD (86)
Directeur business unit du groupe.

BIO EXPRESS

Directeur de la Business Unit Energies
Marines de STX France depuis début
2013, il est aussi le Directeur Général
de STX France Solutions, la filiale d’ingénierie du groupe. Il a créé et dirige
cette filiale depuis 2007, développant et
diversifiant son activité vers le secteur
de l’Energie, et en particulier les Energies Marines Renouvelables .Depuis
1996, chez STX France, il a été tour à
tour directeur de projet, et responsable
de départements opérationnels, avant
de rejoindre le Comité de Direction en
2007. Auparavant dans le domaine de
la compétition nautique, au plus haut
niveau international, son parcours est
marqué par la mer, les grands projets et
le challenge du développement d’activités nouvelles.

STX France en bref

Avec 2 500 personnes en France, dont
500 ingénieurs, un bureau d’études de
près de 600 personnes et une capacité de
production s’étalant sur 150 hectares,800
millions d’euros de CA, STX France
conçoit et produit les plus grands et
complexes engins flottants du monde. Le
groupe vient de prendre la commande
pour la construction du plus grand paquebot du monde en Décembre 2012 .
Une commande de plus d’un milliard
d’euros.

Héritière des Chantiers de l’Atlantique, constructeur du France et du
Queen Mary, STX France a pour métier les grands projets maritimes,
clés en main. à la fois société d’ingénierie et de construction, le groupe
s’intéresse depuis plusieurs années aux énergies marines.
Explications et projets avec Frédéric GrizAud (86), directeur de cette
nouvelle business unit du groupe.

Pourquoi STX France s’intéresse-t-elle aux énergies marines?

Au-delà de la très forte synergie qui existe entre les métiers de base de la construction navale et
les énergies marines, nous souhaitons diversifier l’activité du chantier et nous développer dans
un secteur en pleine croissance. Nous ambitionnons d’être le chef de file d’une partie de la filière française des énergies marines renouvelables, celle des grandes constructions métalliques
complexes que nous pouvons réaliser sur nos chantiers de construction.
Le secteur des énergies marines est un secteur dans lequel il y a encore énormément de choses
à inventer. Même dans l’éolien offshore posé, des progrès significatifs sont encore possibles.
Nous venons de développer, par exemple, une fondation innovante qui se traduit par un gain
de 15% par rapport à la concurrence. Quant aux segments pas encore matures du secteur (éolien flottant , hydrolien, houlomoteur ETM…), tout reste à développer. Nous en sommes là à
l’âge de la bicyclette par rapport à l’automobile. Ce n’est pas sans raison que notre programme
de R&D s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Quels sont les atouts de la France pour développer une filière industrielle dans les
énergies marines?

Au niveau de l’ingénierie, de la capacité à concevoir des produits innovants, nous avons en
France un savoir faire reconnu internationalement et sans doute est-ce pour cette raison que les
pouvoirs publics ont identifié les énergies marines renouvelables comme un secteur d’avenir.
Et puis, il y a encore en France une base industrielle sur laquelle installer cette filière. Plusieurs
grandes sociétés y croient. En construisant des usines bien pensées, la France peut être compétitive dans le secteur des énergies marines.
J’ajouterai que la façade maritime française est propice au développement dans notre pays et
au référencement des énergies marines renouvelables de tous types. Le plateau continental
français n’étant pas immense, les sites voués à l’éolien posé seront vite saturés et il faudra de
plus en plus s’intéresser à l’éolien offshore flottant. La France dispose également de zones où des
courants très forts sont intéressants pour l’hydrolien. Enfin, la côte atlantique est très exposée
aux grandes houles favorables à l’houlomoteur.
Quels segments du marché visez-vous ?

S’agissant de l’éolien marin posé, nous sommes dès à présent sur deux segments, à commencer par le marché des fondations, c’est-à-dire les structures sur lesquelles les éoliennes sont posées. Nous avons réalisé la première fondation d’éolienne offshore produite en France. Un autre
marché concerne les postes de raccordement électrique, qui posent des problèmes complexes
d’intégration et d’installation ; une fois posés, ces ensembles mécano soudés pèsent près de 3
000 tonnes et font près de 100 mètres de haut. Le développement des autres énergies marines
va faire appel à des produits de même type, construits en série. Nous voulons être le partenaire
industriel de référence dans ce domaine. Nous nous positionnons aussi évidemment sur le marché des navires de pose pour les éoliennes et hydroliennes, proches de notre métier historique.

Centraliens no627 [Juillet 201
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