Centraliens - N°629 - La revue des Arts et Manufactures - Octobre/Novembre 2013 - 10

Talent

François

azon (81)

De PDG à fort potentiel, fortes responsabilités et haut salaire,
François Mazon passe aux cours d'assises.

a première plaidoirie (il était encore
stagiaire avocat lorsqu'il prend la
parole en mai dernier à Marseille
dans l'affaire des prothèses mammaires PIP pour défendre le Président du
directoire) marquera les esprits et la presse
s'en fera l'écho (Le Monde, La Provence,...).
« Futurs » confrères et juges le congratulent
à l'issue de son intervention.
Ces premiers mots à la barre : « si je ne suis
pas encore complètement avocat, alors je suis
toujours ingénieur en physique théorique et
j'ai travaillé près de trente ans dans le monde
de l'entreprise ».
Imaginait-il un tel tournant
dans sa carrière ?
Je n'ai jamais imaginé de parcours particulier.
Je n'avais pas d'objectifs de carrière précis
même si enfant, la profession de journaliste
me faisait rêver !
Aujourd'hui encore il lit 2 à 3 quotidiens. Il
achète tous les jours Les Echos et Le Monde
et se délecte de ces lectures.
J'ai suivi de longues et bonnes études ( Centrale
et SciencesPo) pour avoir la possibilité de faire
ce que je voulais.
J'ai adoré mes études d'ingénieur à Centrale!
On se forge un parcours au gré des opportu-

nités mais il faut savoir les saisir. La vie se
construit sur des hasards. Il faut être à l'écoute
de ses pulsions et pas exclusivement de sa raison.
Ma vie ne s'est pas construite à l'avance.
Après un tel parcours académique,
reste-il des diplômes à acquérir ?
J'adore apprendre, parce que j'ai besoin de
comprendre.
J'ai une soif d'information et je suis très curieux
du monde dans lequel je vis, ses enjeux sociétaux, économiques, culturels,....
Il n'y a pas de limitée d'âge pour apprendre,
mais je ne me vois plus aujourd'hui repartir
dans un long parcours académique, j'en suis
déjà à Bac + 11 !
Je commence une nouvelle vie d'avocat. C'est
comme si j'avais 25 ans et que je démarrais ma
carrière ; tout est possible !
Il raconte ses nouveaux choix de carrière
avec beaucoup d'enthousiasme et un état
d'esprit extraordinairement jeune !
Je suis optimiste et ce qui m'attend est très exaltant. Dans ma vie précédente, que j'ai aussi
beaucoup aimée, j'avais au bout de 25 ans un
sentiment de « redite » ou de routine. Je tournais en rond : mêmes personnes, défis professionnels connus, situations qui se répètent,...
Aujourd'hui toute ma vie est remise en question et c'est très excitant.

J'ai choisi de me spécialiser en pénal des affaires
pour apporter une défense efficace, combinant
la complexité de l'entreprise que je connais, aux
règles de droit. Porter une robe, c'est porter
la voix de quelqu'un qui est soupçonné donc
fragilisé, en particulier quand il est dirigeant
d'entreprise confronté à un monde qu'il ne
connaît pas et souvent ne comprend pas.
Dès ma prestation de serment en janvier
prochain, je vais créer un cabinet avec 2 avocats
remarquables avec qui j'ai eu la chance de
travailler sur le procès PIP.
Ce procès hors norme combinait toutes les
dimensions d'un grand procès pénal : 7500 victimes assistées de 350 avocats, une salle d'audience
dans un hall de palais d'exposition, des questions de fond complexes sur la caractérisation
de la dangerosité du gel, des questions de procédures passionnantes (nous avons déposé
3 Questions Prioritaires de Constitutionnalité !), omniprésence des medias et de
l'internet (plusieurs incidents sur l'utilisation
de Twitter pendant le procès),...
Peu d'avocats ont votre parcours
académique, quelles sont les analogies
entre ingénieur et avocat ?
Les deux fonctions nécessitent un raisonnement
très structuré. Dans les deux cas, on confronte

Centraliens no629 [octobre/novembre 201
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