Centraliens - N°629 - La revue des Arts et Manufactures - Octobre/Novembre 2013 - 27

luxe, la french touch nous va si bien !

Nous devons encore travailler pour augmenter
les volumes de production et les débouchés de
ventes.
Chez D. Porthault rien n'est industrialisé, nous
fabriquons nos tissus (éponge, percale, satin de
coton voile...), faisons les teintures et imprimons nous-mêmes les tissus. Nous brodons
tous nos carnacs, bandes de broderie sur voile ;
en France il ne reste plus que quelques ateliers.
Maintenir et transmettre les savoir-faire, notre
culture spécifique est tout aussi essentiel pour
des maisons telles que la nôtre. Nos ouvrières
sont notre capital. Elles perpétuent l'excellence
et font partie intégrante de notre histoire, notre
patrimoine de marque.

Comment concilier artisanat
et stratégie de développement
« planétaire » ?

D. Porthault n'est pas industrialisable et c'est
ce qui fait la valeur ! À l'usine, les ouvrières
coupent à la main elles n'utilisent pas de
table de découpe, c'est cela que nous devons
organiser : la transmission des savoirs. Nous
préservons ce qui existe et nous formons les
personnes nous-mêmes à une forme de polyvalence des métiers de la confection.
Nous sommes les derniers en France à faire
ce métier. Notre challenge : faire perdurer des
compétences séculaires.
Nous le devons aux fondateurs de la maison
D. Porthault et aussi à tous ceux qui ont
contribué à exporter l'image d'excellence du
luxe français. Nos ouvrières et nos produits y
participent.
C'est une mission passionnante.

Et l'innovation ?
Comment se traduit-elle
chez D. Porthault ?

Une maison comme la nôtre innove par le
style. Les fondateurs ont rencontré un vif succès
au début du 20e siècle parce qu'ils sont su innover, créer la rupture en proposant une ligne très
colorée alors que le blanc régnait en maître
absolu pour le linge de lit.
Nous investissons peu dans la recherche textile, nos textiles sont très qualitatifs (éponges,
percale...) nous avons la technicité, nous nous
concentrons sur le style. C'est un défi permanent que de proposer des produits fidèles à
www.centraliens.net

notre héritage et parfaitement contemporains,
modernes.
L'innovation se traduit aussi dans le développement d'opérations de co-branding. Cela représente une réelle opportunité pour les marques
de luxe ; chacun tire parti de ses atouts.

Quels sont les défis
pour D. Porthault ?

Responsabilité de perpétuer un
nom. L'objectif est de trouver un
modèle économique pérenne.
Nous avons des produits extraordinaires, nous
équipons les tables présidentielles (Élysée,
Maison Blanche), les tables et chambres des
monarques de la planète ; notre distribution
est très étroite et les marges d'expansion très
importantes. Notre défi c'est de bâtir un réseau
de distribution adéquat (moyen orient, Russie...).
Le luxe à la française est à deux vitesses : les
leaders se portent très bien et les plus petits
peinent parce qu'ils n'ont pas la même surface
de visibilité.
La difficulté est de réussir à passer ce palier
pour absorber les coûts fixes.
Augmenter la visibilité est l'autre clé du succès.

Peignoir et serviettes, imprimé feuillage.

La vente en ligne peut être
une solution ?

Nos produits font appel au sensoriel, on a besoin de toucher les tissus, passer la main sur la
nappe, caresser une dentelle... le Web se prête
difficilement à ça.
En revanche, nous nous orientons vers un galop d'essai avec des produits simples, comme les
éponges. L'aventure internet est plus adaptée à
une typologie de produits.
n

Thomas Ponsada
Directeur général, cet
ingénieur de formation
a collaboré pour Cartier
et l'Oréal. Il a développé
une activité de conseil
en management et organisation pendant 15 ans avant d'intégrer
D.Porthault.

Boutique.

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