Centraliens - N°629 - La revue des Arts et Manufactures - Octobre/Novembre 2013 - 55

Adrien Bochet

Projecteur Sautter Harlé 1 911

forts et des ouvrages de la rade de Cherbourg.
Il est nommé chef du service des installations
électriques en 1893, à trente ans. Chantier important en 1 895-96 : l'organisation complète
des services d'éclairage et de mécanique de la
prolongation de la ligne de Sceaux dans Paris,
avec les trois gares de Saint Michel, Luxembourg, et Denfert-Rochereau. Cette réalisation
le fait connaître et lui vaut les félicitations du
Ministre lors de l'inauguration. Il s'illustre
encore lors de l'exposition universelle de 1900
avec l'alimentation des illuminations et à nouveau une machinerie spécifique pour la tour
Eiffel. Tout ceci sans abandonner des chantiers
plus « classiques » comme l'éclairage du pont
canal de Briare, des mines de Bruay en Artois,
et d'une ville au Vénézuela.
Adrien Bochet restera toute sa vie un grand
spécialiste des questions d'application de l'électricité en particulier en matière d'éclairage. Il
s'intéressa également à sa production avec par
exemple son implication dans la promotion de
l'aménagement de Génissiat proposé par Harlé
avec Le Mahl et Blondel à partir de 1904. C'est
ainsi que dès 1897, il aborde, au départ dans
une préoccupation de production de l'énergie, un nouveau domaine : celui du « moteur à
pétrole » pour employer les termes de l'époque.

Le motoriste
Son premier essai porte sur l'installation cette
année-là d'un moteur à pétrole actionnant
une dynamo à bord d'un bateau à voiles. Cette
même année 1897, il installe un moteur à bord
pour éclairer un grand quatre-mâts, le Quevilly. Ce navire avait été construit aux ateliers
et chantiers de Normandie pour un armateur
rouennais afin d'être utilisé comme pétrolier.
Réquisitionné en 1914, il échappa aux torpilles
dans l'atlantique nord, mais après une longue
carrière, il devait finir coulé par une mine en
mer du Nord en octobre 1939). Plusieurs expériences suivent : installation d'un moteur sur
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le Cécile, puis sur le torpilleur «Le Linnois »,
sur deux navires civils en 1902-1903, étude
d'un canot à pétrole pour les navires de guerre.
Adrien Bochet étudie même l'application du
moteur à pétrole à l'automobile en juin1899 :
c'est sans doute ce qui fit que son entreprise,
devenue Sautter Harlé, produira des automobiles sous sa marque, puis sous la marque
Harlé et Compagnie, de 1907 à 1912.
Mais dès 1899, il discerne une voie d'avenir
dans les travaux de Rudolf Diesel. Celui-ci
avait fait paraître en 1 893 en Allemagne sa
première publication « Théorie et Construction d'un moteur thermique à combustion
interne ». Après de nombreux tâtonnements,
il obtenait ses premiers résultats tangibles vers
1 897. Mais en 1894, il s'était rapproché de
son ami Frédéric Dyckhoff, qu'il avait connu
jeune ingénieur à Paris, et qui dirigeait alors
une entreprise familiale de construction de
moteurs (à vapeur !) à Bar le Duc. Le thème
de la rencontre était l'éventuelle construction
de moteurs Diesel en France. L'idée fit si bien
son chemin que le 14 avril 1897 était présenté
le premier moteur diesel construit en France et
qu'était créée la Société Française des moteurs
Diesel, dont l'activité commençait dans une
usine construite à cet effet à Longeville en
Barrois. En mars 1899, Adrien Bochet obtenait la concession à Sautter Harlé d'une licence
française du brevet, et se lançait très rapidement dans l'application du nouveau moteur à
la propulsion des navires. Il réalise d'emblée
un modèle nettement plus performant que le
modèle allemand (170 kg par cheval au lieu de
300 et 360 t/mn au lieu de 125). Ce modèle,
encore perfectionné, est essayé sur un chaland,
le « Petit Pierre », en 1901-1903.
C'est l'époque où la Marine française réalise
ses premiers sous-marins sur les plans de
l'ingénieur Maugas. Adrien Bochet convainc
celui-ci des avantages décisifs d'une propul-

Intallation de l'éclairage de la gare de l'Est

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