Centraliens - N°629 - La revue des Arts et Manufactures - Octobre/Novembre 2013 - 57

Adrien Bochet

et recommande un système électrique de pointage à distance des projecteurs qui retient l'attention du haut commandement. Ce système
est essayé et perfectionné au cours de plusieurs
stages qui ont lieu en 1894, et valent à Adrien
Bochet les félicitations de l'Etat-Major. Parallèlement, il donne des conférences sur l'électricité aux officiers du Génie, et en 1 896 donne
des conférences sur l'emploi des projecteurs
à la guerre à l'Ecole d'instruction militaire de
Rueil. L'année suivante, il est promu au grade
de lieutenant de réserve et versé dans l'arme du
Génie par décision ministérielle.
L'usage de l'électricité était encore très limité
dans l'armée, principalement du fait des inconvénients des générateurs à vapeur (encombrement, vulnérabilité, consommation d'eau et
de combustible). Adrien Bochet étudie et fait
réaliser divers types de moteurs à pétrole - on
retrouve ici le motoriste - adaptés à un usage
militaire. L'administration de la Guerre fait plusieurs fois appel à lui pour la défense côtière :
il intervient ainsi à Rochefort, Lorient, Brest,
Cherbourg... Le Ministère, en sa qualité d'officier de réserve, lui confie un certain nombre de
missions d'inspection ou de remise en ordre
d'installations existantes : il se rend ainsi à Nice,
à Bastia, à Toulon, à Marseille. Là encore, il
paie de sa personne et confie dans une lettre :
« Nous menons une vie agitée : du matin au soir
à la mer ou dans les rochers pour les essais de
fonctionnement des postes, le soir manœuvre
des projecteurs ». Ses pérégrinations sont nombreuses dans les années 1900 : Algérie et Tunisie (1 900), côte de la Manche, puis à nouveau
l'Algérie et la Tunisie en 1901, manœuvres au
camp de Chalons en 1902, mission en Suisse
en 1903 pour promouvoir le matériel français
dans les forts de haute montagne. En 1904, à
la veille de la guerre entre la Russie et le Japon,
il est appelé à Saint-Pétersbourg pour inspection et essais des matériels de la marine russe.
Outre des missions régulières dans les ports
militaires français, on le voit de nouveau en
Algérie (1 906), et en Italie (1 908), où il met
en évidence la supériorité du matériel Sautter
Harlé sur son concurrent allemand Schuckert.
Depuis 1904, il est capitaine de réserve du Génie, classé à l'Etat Major de l'arme.
Au premier jour de la Guerre, à 51 ans, il est affecté à l'Etablissement central de la Télégraphie
militaire. Il abandonne immédiatement toutes
ses fonctions civiles et démissionne de tous ses
mandats. Sa seule rémunération sera sa solde
de capitaine. Sa première mission consiste à
satisfaire d'urgence l'énorme demande de matériel du Génie en matière de câbles et d'appawww.centraliens.net

reils électriques. Pour
cela, il constitue dans
les plus brefs délais un
centre d'approvisionnement et de fabrication à Angoulême. En
novembre, des milliers de kilomètres de
câbles ont été livrés et
les besoins du Génie
« largement
satisfaits ». On le charge
alors d'étudier les mesures propres à satisfaire
les demandes de projecteurs formulées par
les armées. Il est créé sur sa proposition un
service des projecteurs de campagne, dont il
prend le commandement en novembre 1914.
Ce service, qui comprenait un atelier de fabrication, divers magasins, et une école d'instruction spécifique, devait fournir aux armées 700
projecteurs à grande portée et 75 000 à petite
portée. Promu chef de bataillon en 1915, il
travaille intensément pendant les années
1915-1917 à perfectionner les matériels, à
les diversifier, à en contrôler l'emploi sur le
front. Il continue de payer de sa personne : au
retour d'une mission d'essai qu'il dirigeait, le
dirigeable qui le portait avec son équipe et son
matériel est détruit en tentant un atterrissage
de nuit à Issy-les-Moulineaux, et il échappe
miraculeusement à la mort. Le développement
de la guerre aérienne confère aux projecteurs
une importance nouvelle. Dès 1915, Adrien
Bochet travaille sur la question du pointage
sur aéronefs. Il invente un procédé de pointage
automatique des projecteurs embarqués qui
fait l'objet d'un brevet en 1917. En février 1918
est créé l'Établissement Central des Projecteurs de l'Artillerie (ECPA) dont il est nommé
directeur. Il s'agit à la fois d'un ensemble de
services techniques et d'une école, dont les
élèves sont versés au 67e régiment d'artillerie,
dont le commandement est confié au commandant Bochet, et qui regroupe le personnel
des projecteurs de DCA. L'armistice le trouve
travaillant sur le perfectionnement du système
de pointage, qui sera adopté par les armées
anglaise, américaine et belge. Les résultats de
ces travaux feront l'objet d'une communication
à l'Académie des Sciences après la guerre.
Ainsi s'achevait une véritable carrière militaire, couronnée par l'Ordre de Léopold de
Belgique et l'ordre russe de Saint Stanislas.
Adrien Bochet sera nommé officier de la
Légion d'Honneur à titre militaire en 1920 et
sera élevé au grade de lieutenant colonel de
réserve le 2 janvier 1922.

Laboratoire d'életronique : Poste de transformation

Automobile Harlé et Compagnie

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