Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 21

les barrages

Ces deux ans et demi m'ont beaucoup
apporté sur le plan personnel et professionnel, même si la vie quotidienne n'est
pas toujours facile : beaucoup de travail,
des contacts difficiles avec la famille et les
amis... Mais il y a aussi dans l'expatriation
quelque chose de grisant ; vous êtes là pour
amener une compétence qui n'est pas disponible dans le pays. Les opportunités sont
plus nombreuses.
L'activité constante sur le chantier, qui
fonctionnait six jours sur sept, ainsi qu'un
certain degré d'isolement, pousse à l'autonomie et aux prises de décisions. Il est en effet parfois bien difficile d'attendre pendant
quelques jours une réponse du siège. Le
rythme et les priorités y sont bien différents.
Les deux premières années sont passées très
vite et la période critique est arrivée entre la
deuxième et la troisième année. Il y a alors
un choix de vie à faire car avec le temps on se
coupe de sa famille et de ses amis, et ce en dépit d'internet et des retours pour les vacances.
Pour ma part j'ai décidé à ce moment-là de
rentrer, mais je garde en tête de repartir en
famille dans quelques années. Même s'il est
vrai que cela ne remplace pas l'expérience
acquise par l'expatriation à plein-temps, je
continue aujourd'hui à effectuer beaucoup
de missions à l'étranger, à raison de plus de
quatre-vingts jours par an.

Louis Bouzat
Ce qui m'a conduit à me spécialiser dans
le domaine de la construction en dernière
année à Centrale était l'envie, assez communément partagée par mes camarades
d'option, de voir mon travail donner des résultats concrets et durables. J'ai retrouvé en
dernière année et durant mon stage un goût
pour les problèmes techniques complexes, et
j'ai donc cherché à rejoindre une entreprise
possédant une expertise technique avancée
dans son domaine, par exemple SoletancheBachy ou Coyne et Bellier justement.
Les constructions de barrages et projets
hydroélectriques m'ont particulièrement
attiré. D'abord, la perspective de participer à des projets de développement d'une
importance souvent nationale, ayant trait
à un sujet aussi sensible que la gestion des
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ressources en eau, est
réjouissante et motivante. Sur le plan technique, les projets de
barrages couvrent un
très large spectre de
disciplines : le génie civil, de la mécanique des
roches aux structures
en béton armé, l'hydraulique, les machines
tournantes, le transport d'électricité et les
réseaux. Enfin j'apprécie particulièrement les aspects de stratégie
contractuelle et de négociations pour débloquer des situations complexes.

Louis Bouzat (à gauche) et Yifeng Lin, ingénieurs à Tractebel
Engineering (France)/Coyne et Bellier, sur le chantier
Coca-Codo Sinclair (Equateur).

Le mode de travail au sein des unités de projets hydroélectriques chez Coyne et Bellier
m'a tout de suite convenu : il s'agit d'être autonome et généraliste, ce qui correspond bien à
la formation que développe l'Ecole Centrale.
D'un point de vue personnel, il faut bien sûr,
pour postuler à des missions en expatriation, avoir l'envie de voyager et de partir un
peu à l'aventure. Sur le plan professionnel,
je pensais, et cela s'est confirmé par la suite,
que l'on progresse plus vite en se confrontant seul à des situations problématiques,
sans le soutien immédiat de la structure du
siège. Je pense revenir au siège en étant plus
autonome, plus efficace dans mon travail,
et avec une meilleure gestion de la relation
avec nos clients.
La mission à laquelle je participe en Équateur a été lancée très vite ; il n'y a eu qu'un
mois entre les premières négociations de
contrat et notre arrivée sur place. L'entreprise nationale chinoise de projets hydroélectriques Sinohydro, un client que nous
connaissons bien, faisait face pour son
projet Coca-Codo Sinclair à d'importants
retards d'approbation du design. Elle a fait
appel à nous pour leur fournir une assistance technique dans le but de débloquer les
situations les plus critiques. C'était un enjeu
stratégique pour Sinohydro car il s'agit de
leur première grande réalisation en Amérique Latine. Le projet est très motivant par
sa taille et sa complexité : des ouvrages de
prise construits sur une fondation difficile,

Louis Bouzat
(ECP 2008)
Il a près de 29 ans. Il
réside actuellement à
Quito (Equateur), au
sein d'une équipe assistant l'entreprise chinoise
Sinohydro pour la construction du projet Coca-Codo Sinclair, ouvrage hydroélectrique de 1 500 MW situé sur le versant oriental de la Cordillère des Andes.

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