Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 25

les barrages

C'est ainsi que la Commission mondiale des
barrages, installée en 1997 par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature
et par la Banque mondiale, a rendu en l'an
2000 un rapport final plutôt maximaliste et
qui a été très critiqué. Les procédures préconisées auraient en effet signifié un frein
considérable à toute construction.

Vallée de la rivière Papeiha (Tahiti).
Identification de sites de barrages réalisée par Tractebel Engineering
(France)/Coyne et Bellier pour Electricité de Tahiti.
Camp de base pour la reconnaissance du milieu naturel.

Des normes et directives équilibrées existent
néanmoins. Elles émanent notamment du
groupe Banque mondiale. Qu'elles soient
respectées, et les projets seront à notre avis
très convenables et contribueront au développement durable.

Arrêtant la quasi-totalité des sédiments
charriés par le fleuve, cet ouvrage a en
outre un considérable effet négatif sur la
tenue du trait de côte à l'aval.

Il faut parfois renoncer
à construire
Maîtriser les impacts des barrages sur l'environnement naturel et social, cela veut dire
dans certains cas renoncer à construire.
Certains ouvrages sont en effet potentiellement très dommageables. Il existe des
critères de bon sens pour distinguer le bon
grain de l'ivraie. Il est par exemple probable,
au regard des normes actuelles, que tel
grand réservoir africain, qui date des années
1960, ne serait plus construit de nos jours.
Avec ses 8 500 kilomètres carrés de retenue
pour une usine d'un millier de Mégawatts,
il présente en effet un très médiocre ratio
www.centraliens.net

Ne le répétez pas, mais on assiste hélas
encore aujourd'hui, ici ou là, à la construction de quelques barrages sur la base d'études
erronées ou scandaleusement optimistes,
sans concertation qui vaille avec les ayants
droit locaux, parfois dans un but de promotion politique, ou peut-être pour favoriser les intérêts financiers de certains responsables.
Il se révèle difficile de rectifier les pires
décisions une fois qu'elles ont été prises,
la simple information technique devenant
alors inaudible, et tel projet peu recommandable étant de ce fait mené à son terme
comme emporté par son inertie. Construire
par exemple un barrage réservoir qui se
remplira de sédiments en quelques décennies, comme on s'y expose en région semiaride, cela ne relève pas du développement
durable. Citons aussi cette retenue qui devait stocker cinq cents millions de mètres
cubes pour l'alimentation en eau, dans un
pays que nous ne nommerons pas, retenue
créée en 1993 sur la base d'une hydrologie
un peu trop créative, et qui depuis lors resta le plus souvent presque vide.
« Bon barrage » ? « Mauvais barrage » ?
Chaque projet doit donc être évalué au regard de ses qualités propres et de ses défauts
particuliers.

Le rôle croissant de nouveaux bailleurs de
fonds, qu'ils soient arabes ou surtout chinois,
tend cependant à redistribuer les cartes. Ces
nouveaux financiers se prononcent évidemment, comme tout le monde, pour le progrès et pour la vertu, mais leurs procédures
sont moins rigoureuses et leurs résultats
souvent moins convaincants. Il faut donc
les accompagner. Nos entreprises peuvent
y jouer un rôle essentiel. Elles s'emploient
notamment à aider les partenaires chinois à
réaliser leurs ambitions dans les meilleures
conditions, que ce soit en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine.

de plus de huit cents hectares noyés par
Mégawatt installé.

Région du barrage de Fomi (Guinée).
En vue de contribuer au développement durable,
les aménagements hydrauliques font l'objet
de consultations locales approfondies.

http://www.centraliens.net

Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014

Table des matières de la publication Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014