Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 37

les barrages

Sous l'impulsion de la Direction Générale
de la Prévention des Risques du ministère
chargé de l'écologie, les services déconcentrés de l'État (les DREAL : directions
régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement), sous l'autorité des
préfets, veillent au respect des obligations
générales ou spécifiques qui s'imposent au
propriétaire de chaque barrage.
Il s'agit avant tout d'un contrôle régalien de
conformité ; dans le cas de non-conformité,
la réglementation prévoit des suites possibles à l'encontre des propriétaires.
D'une certaine manière, ce contrôle constitue aussi un contrôle de deuxième niveau
de la qualité de l'action du propriétaire. Ce
contrôle va au-delà du strict respect des
échéances, de l'existence formelle des dossiers et des documents obligatoires. Sans
diminuer la responsabilité du propriétaire,
les services de l'État portent aussi un regard
technique parallèle sur le contenu des justifications présentées en les approuvant ou en les
critiquant, sur l'état de l'ouvrage à l'occasion
d'inspections périodiques (qui permettent de
juger de l'efficacité de l'entretien, la maintenance et la surveillance mis en œuvre par le
propriétaire et l'exploitant local).
Par ailleurs, lorsque la sûreté de l'ouvrage
n'est pas garantie, les services de l'État
peuvent prescrire la réalisation de diagnostics particuliers de sécurité qui permettent
de définir et réaliser les éventuels travaux
de confortement qui seraient nécessaires. Il
s'agit d'une procédure dite de révision spéciale qui prescrit non seulement des études
mais aussi des délais pour la mise en œuvre
des travaux de confortement.

3. Les compétences
et l'expertise
On l'a vu, le domaine des barrages est peu
couvert par une réglementation technique
comme c'est le cas dans d'autres secteurs du
génie civil : pas d'Eurocodes, pas de DTU, pas
de normes... Concevoir, construire, surveiller, contrôler : toutes ces opérations relèvent
du champ de la compétence, voire de l'expertise et de règles de l'art. Ces dernières sont
formalisées parfois mais pas toujours.
Dans ce contexte, les associations professionnelles jouent bien entendu un rôle
primordial. Elles servent de relais d'expériences, d'échanges. Bien entendu, le Comité Français des Barrages et Réservoirs
www.centraliens.net

Site CFBR.

(CFBR - www.barrages-cfbr.eu), l'un des
tout premiers comités nationaux et un des
fondateurs de la Commission Internationale des Grands Barrages, fournit l'effort
essentiel en ce domaine. Par son activité au
sein de la CIGB, en étant activement représenté au sein des comités techniques de la
CIGB ainsi que par des communications à
l'occasion des congrès et symposiums organisés par la Commission, il est l'un des vecteurs de la diffusion des méthodes françaises
(notamment auprès des pays francophones)
et inversement du partage de l'expérience
des autres pays.
De plus, le CFBR a entrepris un effort majeur d'harmonisation des pratiques dans des
domaines essentiels comme par exemple le
calcul des barrages-poids ou des barrages
en remblai ou encore le dimensionnement
des évacuateurs de crues. Ces recommandations constituent en quelque sorte les règles
de l'art collectif du CFBR et elles sont un
support important et prometteur pour alimenter la formation des jeunes ingénieurs.

les membres du CTPBOH sont présents au
sein de la commission exécutive du CFBR.
La France identifie, comme bien d'autres
pays, la question du passage de la compétence entre générations comme essentielle.
Les formations spécialisées en hydraulique,
en génie civil « barrages » existent fort heureusement dans bon nombre d'école ou
organismes de formation. La formation
continuée apporte les compléments nécessaires au cours de la vie professionnelle
des ingénieurs. La relance déjà signalée des
colloques et symposiums organisés par le
CFBR est un élément très prometteur. Le
Comité Français des Barrages et Réservoirs
fait en outre un effort particulier pour faire
adhérer et participer les jeunes générations
à ses travaux.
n
Patrick Le Delliou
Directeur du BETCGB1
Président honoraire
du CFBR

Enfin, le CFBR s'est donné comme objectif, depuis plusieurs années, d'organiser
des colloques techniques, des symposiums
ouverts à l'ensemble des professionnels. Le
succès des manifestations récentes montre
tout l'intérêt qui trouve la profession.
La France possède aussi, au sein de l'administration, d'une structure d'expertise sinon
unique, du moins peu fréquente dans les
autres pays : le CTPB, créé par un décret du
20 juin 1960 et devenu CTPBOH (comité
technique permanent des barrages et ouvrages hydrauliques) en 2007 par le décret
déjà cité. Ce comité d'experts émet des avis
systématiques sur les projets d'ouvrages
neufs importants, sur leurs réparations ou
renforcements. Ceci construit, au fil du
temps, une autre approche des règles de l'art.
Grâce à la confrontation de l'avis du
CTPBOH, des rapporteurs auprès de ce
comité et des représentants des maîtres
d'ouvrage et bureaux d'études, se dégagent
des lignes directrices communes qui
marquent la pratique française. Par ailleurs,

1. BETCGB : Bureau d'étude technique et de contrôle
des grands barrages, MEDDE/DGPR/SRNH/STEEGBH

http://www.barrages-cfr.eu http://www.centraliens.net

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