Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 45

les barrages

Le Grand Canyon Suisse (Rhin supérieur,
Flims, Grisons) entaille un glissement
record post Würm. En 1911 un séisme au
Tadjikistan a déclenché un autre glissement
record, qui retient aujourd'hui 17 milliards
de m3 d'eau en tête de vallée à 3 265 m
d'altitude, 45 m sous le débordement : le lac
Sarez. Il continue à se remplir lentement
malgré 50 m3/s de fuites.
En Équateur, en 1993, le glissement
La Josefina a imposé une course contre la
montée du lac pour abaisser le niveau de
déversement en creusant un chenal d'évacuation ; avec calculs de simulations de
l'écoulement et de la rupture pour optimiser la forme du chenal et planifier l'évacuation des populations aval. Le débordement
est survenu 15 m sous la crête initiale, après
33 jours de crise. La brèche s'est vite creusée
et élargie, lâchant alors 170 millions de m3
d'eau avec une crue de débâcle dévastant la
vallée, jusqu'à être encaissée par la retenue
d'un grand barrage hydroélectrique situé
plus loin, préalablement vidée.

Sur la Yi Gong (30°11'N, 94°57'E) en 2000,
la rivière a forcé sa route toute seule dans la
langue terminale d'une avalanche rocheuse
descendue de 5200 à 2200  m d'altitude,
sur 9 km. La crue de rupture a été jusqu'en
Inde, inondant les hautes plaines du Brahmapoutre.
Aux confins Nord du Pakistan, la Karakorum Highway (KKH) suit la vallée de la
Hunza vers la Chine dans une zone tectoniquement active de montagnes jeunes,
raides, instables. Elle est coupée sur 20 km
par le glissement et le lac d'Attabad. Depuis
son débordement le 29 mai 2010, il n'a pas
réussi à entailler le barrage. Un chenal profond de 24 m y a été creusé d'urgence (photo
3), puis élargi à 60 m et approfondi de 30 m
par étapes, en trois campagnes hivernales de
travaux à bas débits.

15 ans plus tard, le séisme du Wenchuan
(Ms 8.0) a déclenché 257 glissements créant
des barrages naturels dans les vallées très
encaissées de l'escarpement Est du plateau
tibétain, en saison de pluies donc de hautes
eaux. Études express de terrain, calculs
d'inondations, analyses de risques et instrumentations guidèrent les stratégies de protection civile.

© Liu Ning

Une trentaine de barrages naturels furent
entaillés d'urgence pour limiter les crues de
débâcle et les inondations aval inévitables.
À Tangjiashan il a fallu héliporter des engins pour abaisser à temps la retenue maximale de 10 m, la ramenant de 315 à 240 millions de m3 ; dont 160 furent relâchés à la
rupture (photo 2).

2 - Tangjiashan.

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3 - Attabad © J. Environ. Treat. Tech.

Le chenal atteint 675 m de longueur en 2013,
et permet de limiter les inondations amont.
Mais 25 000 personnes restent isolées : le
lac, encore profond de 76 m, coupe toujours
cette vallée très encaissée et la KKH.
On craint souvent la crue de débâcle à la
surverse. Ici le verrou est si épais, qu'il
semble loin de lâcher tout seul. Mais cela
s'était produit en Août 1858 à la débâcle
d'un lac similaire, long d'une trentaine de
kilomètres, dans la même vallée de a Hunza,
créé par un éboulement rocheux plus localisé survenu en hiver 1858 à seulement
2 kilomètres en aval de ce site d'Attabad,
depuis l'autre rive (gauche).
Plus bas dans la vallée de l'Indus, en Juin
1841, au pied du Nanga Parbat, la rupture d'un grand barrage rocheux formé

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