Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 63

Jacques Gobilliard

fonctions d'officier orienteur, assumant de
surcroît celles de directeur de tout le réseau
téléphonique du groupe. Dès le 8 novembre,
il est envoyé comme « adjoint de liaison » du
groupe auprès de la 39e brigade d'infanterie.
De ses premières armes dans l'état-major,
il aurait gardé le meilleur souvenir, s'il n'en
était pas ultérieurement venu à une véritable
réprobation de l'esprit d'états-majors. Nouveaux changements : le 7 décembre, envoyé
au PC avancé dit du Tunnel ; le 15 décembre,
envoyé au PC de l'artillerie divisionnaire,
à titre définitif cette fois, chargée de tout le
réseau téléphonique et de la réorganisation
du service qui s'est considérablement développé : un gigantesque travail d'organisation,
suivi d'un cours de six jours d'officier de
liaison à la compagnie des sapeurs télégraphistes. En juin 2016 le groupe de JG quitte
l'Argonne pour être engagé dans la bataille
de la Somme.
Le groupe vient prendre position à
Givresne, en terrain découvert. Le camouflage est primordial. Le travail « normal »reprend : dans les positions, tir, réglage, observation ; à l'état-major, flots de papiers et
séries d'appels téléphoniques. Le 30 juillet
1916, préparation d'une offensive de grande
envergure. Par suite de l'indisponibilité
de son commandant, JG est désigné pour
accompagner l'infanterie dans son assaut,
le 4 septembre il monte en ligne, prend le
commandement de façon inopiné, atteint
l'objectif à 1 400 m au-delà des lignes, établit son nouveau poste d'observation d'où
il découvre un triste spectacle : les cadavres
d'une section d'artillerie de tranchée, entièrement fauchée par les mitrailleuses. Il est
relevé le 10 septembre et cité à l'ordre de la
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division le 1er octobre 1916. La guerre continue au camp de Crèvecœur, où le « séjour »
est très pénible et très fatigant. C'est l'hiver,
« par un froid de -22°, par la neige et un vent
glacial de tonnerre de Dieu, ce sont tous les
jours des excursions en liaison avec l'infanterie, avec déroulement et enroulement de
kilomètres de fils téléphoniques qui vous
déchirent les doigts engourdis par le froid ».
JG déplore l'attitude de certains officiers
supérieurs. Il est « dégoûté de l'artillerie »,
il demande son affectation à l'aviation, il
l'obtient le 2 mars 1917.

Le 4 mars 1917, adieu l'artillerie
Le 5 mars 1917 bonjour l'aviation
,
5 mars 1917
JG y est appelé au groupement des divisions d'entraînement - GDE - installé sur
le terrain du Plessis-Belleville, dans l'Oise,
pour y suivre la formation d'observateur
avec une soixantaine d'officiers de toutes
armes, principalement des artilleurs (jeunes
et pleins d'enthousiasme) et des fantassins
(anciens et sans entrain). Le stage dure un
mois. L'existence est spartiate, l'instruction,
les cours, l'entraînement et les exercices
aériens sont très élaborés, les instructeurs
épatants, les appareils vieux et fatigués, les
accidents fréquents.
JG sort premier de sa promotion, il est
affecté à l'escadrille 32 et suit un stage de
huit jours à l'école de tir aérien de Cazaux.
Le 14 avril, il rejoint en Champagne son
escadrille installée sur le terrain de la ferme
d'Alger, entre Chalons et Reims. La 32 est
engagée dans la bataille, les attaques se
succèdent sans interruption, appuyées par
l'aviation. Les pertes sont importantes.

1. Source Récits et mémoires établis par Jacques
Gobilliard, d'après ses notes de guerre quotidiennes.
Reproduction Yves Gobilliard (50)
Première partie : 1914-1908, artillerie - 61 pages A4
Deuxième partie : 1917-1918, aviation - 57 pages A4.
2. Rédigé le 2 septembre 2013. Corrigé 13 septembre
2013.
3. Les citations littérales sont entre «---», les extraits
in extenso sont encadrés.

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