Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 66

Histoire

retenue, parfois avec humour, il laisse éclater ses indignations devant les injustices
et ses critiques en cas de défaut d'organisation. Il justifie ses points de vue, il étale
au grand jour ses préférences, lesquelles
semblent souvent partisanes. Mais il n'hésite pas à louer les braves et les héros.

Éloges

En mission, il n'est pas d'heure ni de lieu
pour calmer sa faim. Les hommes et les officiers complètent les rations de la popote ou
de la cantine par des approvisionnements
personnels, reçus de l'arrière ou acquis sur
place, si l'épicerie du plus proche village
n'est pas encore abandonnée. Au repos
toute occasion est bonne pour faire un festin bien arrosé. La gnole se boit en toutes
circonstances.
Vivre ensemble. La vie militaire en campagne implique une promiscuité quotidienne, qui s'élargit au plan hiérarchique.
Les différences d'éducation, d'instruction,
de caractère créent des frictions et des critiques, jusqu'à mettre en péril la bonne entente entre les individus. La camaraderie des
tranchées permet d'éviter bien des drames.
Des conflits naissent entre officiers, généralement pour des questions de compétence,
d'avancement, de préséance, d'ambition
ou... D'ardeur au combat. Le strict respect
des règles hiérarchiques évite les conflits.
Au reste il n'est pas rare de voir proclamer
sans réserves les mérites de tel militaire
qui aura eu une attitude courtoise ou une
conduite héroïque.
Loisirs et permissions. Au repos, comme
entre les attaques ou missions, c'est la détente, bien normale eu égard à la rigueur de
la vie militaire en campagne : longs sommeils, travaux manuels (bagues en cuivres),
jeux de cartes, bridge et poker, visites et réceptions entre unités voisines, avec « repas
pantagruéliques, vins fins et champagne ».

Les périodes de repos à l'arrière et surtout
les permissions sont toujours attendues et
bienvenues. C'est la possibilité de se rapprocher de la famille, mieux que par le courrier
et les colis, qui semblent bien circuler. Mais
iI est souligné que le temps de permission
doit être équitablement partagé entre la famille et la réalisation des projets personnels
élaborés au front.
Grades, fonctions, distinctions, avancement. L'auteur du récit ne tarit pas de détails en ces matières, concernant lui-même
comme ses camarades, ses supérieurs et ses
hommes. Il n'hésite pas à donner son avis
ou à émettre ses critiques. Il précise le détail
de ses grades successifs et des nombreuses
fonctions qu'il a exercées au front - brigadier, observateur, régleur, orienteur, agent
de liaison, officier d'état-major, mitrailleur
et même pilote - ce qui confère au récit un
intérêt certain.
Vocabulaire. On ne peut pas ne pas relever la qualité du vocabulaire employé par le
scripteur, tantôt précis et vigoureux, tantôt
frais et spontané, jamais vulgaire, souvent
d'époque.
Le récit de JG est un document de haute
tenue, par son objectivité devant les faits
et par la spontanéité de ses observations
et commentaires. L'auteur s'y dévoile sans

En résumé un très beau corps d'officiers, un très beau groupe et, en particulier deux commandants de batterie
de tout premier ordre.
Et quels éloges ne décernerai-je aux
hommes que j'ai appris à connaître au
milieu des dangers, des privations, des
joies, des tristesses ; des Bretons pour
la plupart (le 11e corps est un corps
breton), ils avaient toutes les qualités
de leur race : dévoués jusqu'à la mort,
d'une bravoure obstinée et d'ailleurs
plus développée dans la défensive que
dans l'attaque. J'ai conservé d'eux tous
un magnifique et affectueux souvenir.
Et quels éloges ne ferai-je pas des
sous-officiers ! Je voudrais citer les
noms de tous, sous-officiers, brigadiers
et canonniers, et donner un souvenir à
chacun ; dans l'impossibilité de le faire
je veux les réunir tous dans un sentiment d'affectueuse sympathie, d'admiration pour leur calme bravoure et de
reconnaissance pour leur dévouement
à toute épreuve.

Le récit de JG mérite d'être lu et diffusé 4
dans sa totalité, en hommage rendu à tous
les Centraliens impliqués dans la Grande
Guerre, à la veille de la célébration du
centenaire de la déclaration de celle-ci. n
Jacques Dureuil (49)

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Centraliens no631 [janvier /février 201
4]

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