Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014 - 22

Dossier

L'innovation santé
pour les patients

Un changement de paradigme
urgent et vital
Des attentes patients insatisfaites, un modèle R&D qui s'essouffle, des coûts qui explosent,
des payeurs plus exigeants, des freins structurels à l'émergence de nouveaux concepts...
Mais des solutions existent.
Un secteur en mutation
➜ le marché est en pleine mutation (montée en puissance de la demande de soins
des pays émergents, besoins toujours
aussi importants des pays économiquement développés) et certains aspects
rendent le secteur plus vulnérable (i.e. les
politiques volontaristes de régulation des
dépenses pharmaceutiques pour ralentir
les dépenses, les rendements décroissants
de la R&D).
➜ les autorités sanitaires ont de nouvelles
exigences. Du côté des industriels, de
nouvelles « approches de la science » se
complexifient et s'accélèrent.
L'ensemble conduit les acteurs pharmaceutiques à repositionner leurs stratégies.
Après avoir connu la première récession
de son histoire en 2012, avec une chute de
plus de 2 % en valeur, le marché des médicaments en ville devrait s'effondre en 2013
de 3 %.
La France, 5e marché pharmaceutique au
monde derrière les Etats-Unis, le Japon, la
Chine et l'Allemagne, pourrait perdre une à
deux places à court terme...

Un modèle de R&D très
hétérogène qui s'essoufﬂe
dangereusement

1. Vous pouvez demander l'article complet auprès
de Manuel Gea en envoyant votre demande à son
adresse mail : manuel.gea@centraliens.net

La R&D biomédicale, malgré les promesses
et les investissements patine, les experts/leaders d'opinions, ont convaincu et ont réussi
à maintenir auprès des décideurs le dogme
selon lequel le secteur n'est pas comme les
autres et que la performance de la R&D est
certes faible mais que les concepts sous-jacents sont les bons et finiront par délivrer...
Les performances des deux principaux
processus de R&D : « recherche/découverte » et « développement clinique » sont
très hétérogènes.

D'un côté le processus de recherche/découverte, qui est sensé découvrir ce que l'on ne
connait pas, doit faire face à l'enjeu majeur
de découvertes de nouvelles cibles qualifiées. Face à ce challenge, une vision « cartésienne » et ultra spécialisée du vivant a été
privilégiée.
La conséquence structurante de ce modèle
de recherche est la surspécialisation des
chercheurs. Ces derniers sont devenus des
spécialistes d'une brique du puzzle ou d'une
technologie et « passent » leur vie à analyser
le vivant au travers de filtres technologiques.
Dans cette grande compétition du savoir et
du pouvoir, les biologistes/physiologistes
généralistes ont été marginalisés.
D'un autre côté, nous avons un processus
de développement clinique qui, resté proche
du patient, semble bien jouer son rôle de
filtre efficacité/risque, mais peine à apporter
toutes les explications nécessaires au pilotage du développement en cas de problème
faute de concepts intégrés robustes et différentiant, entre autre, les causes des conséquences des pathologies étudiées.

Les causes du déclin de la
R&D pharmaceutique connues
Un article « Diagnosing the decline in
pharmaceutical R&D efficiency1 » publié
dans Nature Drug Discovery en mars 2012
fournit des explications pertinentes et documentées sur les causes.
Au-delà des causes avancées dans l'article,
il nous semble important de rechercher une
alternative à cette approche « cartésienne »,
Le paradigme technologique a globalement échoué en recherche/découverte,
même s'il a enregistré des succès.
Nous sommes à la fin d'un grand cycle
d'innovations qui avait commencé avec
Centraliens no632 [mars/avril 201
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Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014

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