Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014 - 60

Histoire

Félix
atte (1845-1890)

Promotion 1870

Premier minéralogiste du Muséum
de Sydney (Australie)
Je remercie pour leur aide le Docteur Stan Florek, du département Anthropologie du Muséum
de Sydney et les autres membres de cette Institution avec lesquels j'ai été en relation.

élix Ratte est né le 6 juillet 1845 à Paris. Son grand-père Henri Prospère
Ratte et son père, Hippolyte Ratte
sont joailliers fabricants installés et
habitant au 40 de l'actuelle rue Tiquetonne
dans le deuxième arrondissement de Paris.
Artisans joailliers reconnus, ils disposent,
sous le Second Empire, d'un magasin au
numéro 6 du passage des Panoramas, une
des galeries commerciales couvertes très
fréquentée de Paris.
La guerre de 1870, le siège de Paris et la
Commune marquent la fin de l'entreprise
familiale. En 1871, le père de Félix Ratte
s'exile quelques mois à Londres puis s'installe et vit jusqu'à sa disparition en 1894, à
Boulogne-sur-Mer. Ce port est à l'époque le
principal point de départ vers l'Angleterre,
et ce choix n'étant justifié par aucune attache
familiale, on peut penser que la famille Ratte
a conservé des intérêts en Grande-Bretagne.

Portrait de F. Ratte, Sydney,
Australian Museum.
Droitsde reproduction :
Australian Museum (Sydney)

Félix, qui n'est pas bachelier, prépare le
concours d'entrée à Centrale en classe de
Mathématiques spéciales au Lycée impérial Bonaparte (Condorcet). Admis 143e sur
233 en 1867, il obtient son diplôme en 1 870
après une scolarité marquée par quelques
absences et retards. Classé 125e sur 173,
dans une promotion où, en raison de la
déclaration de guerre, certains élèves recevront leur diplôme sans passer le concours,
il a concouru dans l'option Métallurgie en
présentant un projet de laminoir.
À la fin de l'année 1871, la paix revenue en
France, l'ingénieur civil Félix Ratte réside à
Paris, 4 rue Victor Cousin, et suit le cours de
géologie d'Edmond Hébert à la Sorbonne.

1873
Mission Delaporte
En 1873, Félix Ratte est, sur recommandation de son professeur de géologie, retenu
en qualité de géologue au sein d'une mission scientifique française en Indochine,
dirigée par le lieutenant de vaisseau Louis
Delaporte1. Delaporte, qui a participé à la
première mission française à Angkor et
sur le Mékong, entre 1866 et 1868, veut
contribuer au repérage et au sauvetage des
anciennes civilisations indochinoises. Les
autorités ont accepté sa proposition de reconnaître le Fleuve Rouge (Song-Coï) et la
région du Tonkin.
La mission est financée conjointement par
les ministères de la Marine et de l'Instruction publique, la colonie de Cochinchine
et la Société de géographie de Paris. Un
départ anticipé, le 18 mai, lui laisse le temps
d'entreprendre, en attendant les conditions
climatiques favorables à l'exploration du
Tonkin, des recherches sur les monuments
Khmers situés sur les territoires du Cambodge et du Siam pour lesquelles il a reçu
l'appui de la Commission des Missions
du Ministère de l'Instruction publique. La
mission comprend, au départ de France,
le Polytechnicien François Bouillet, ingénieur hydrologue, le Centralien Félix Ratte,
géologue, et le docteur Jullien, délégué du
Muséum. Ils rejoignent à Saïgon le docteur
Harmand médecin de marine et l'ingénieur
des Arts et Métiers (Aix) Faraut, conducteur
des Ponts et Chaussées. Tous ont été choisis pour une expédition de reconnaissance
du cours du Fleuve Rouge, et non pour des
recherches archéologiques.
Centraliens no632 [mars/avril 201
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