Centraliens - N°633 - La revue des Arts et Manufactures - Mai 2014 - 20

Dossier

Tissu économique et écoinnovation pour la consommation
et la production durables
Les actions pour un usage
efficace des ressources,
une consommation et
une production durable (CPD)
et une transition vers une
économie verte ont été motivées
historiquement par de nouvelles
réglementations et des risques
émergents.
Pourtant, de manière égale
si ce n'est pas de manière plus
importante, il est nécessaire
que les organisations publiques
et privées soient inspirées et
soutenues pour répondre
aux opportunités qu'offrent
les sociétés et les marchés,
soucieux d'efficience dans
l'usage des ressources.

1. Le projet de l'Observatoire européen de l'éco-innovation (EIO) définit l'éco-innovation comme « l'élaboration de n'importe quel produit (bien ou service),
processus, changement organisationnel ou solution
marketing, qu'il soit nouvellement conçu ou qu'il
s'agisse d'une version significativement améliorée d'un
élément ancien, qui demande moins de ressources
et réduit l'émission de substances dangereuses tout
au long du cycle de vie ». Le site Internet de l'EIO
www.eco-innovation.eu
2. Ce point est abordé dans deux articles : Richard
Dobbs et al. « Resource Revolution : Meeting the
world's energy, material, food and water needs »,
McKinsey & Company, November 2 011 et D.A.
Lubin, D. Esty. « The Sustainability Imperative »,
Harvard Business Review, mai 2010. Les ressources
considérées - dont le carbone et l'eau - sont abordées
selon de nouvelles approches de type « nexus » qui
examinent l'usage conjoint des ressources.
3. Pnue, Towards a Green Economy, p. 271 (2011).
4. International Institute for Sustainable Development (www.iisd.org)

rogresser vers le développement
durable nécessite un découplage des
modes actuels de consommation
et de production et un bond vers
une production industrielle durable qui met
l'accent sur une utilisation plus efficace des
ressources naturelles (par exemple, l'énergie,
l'eau, les matériaux...). L'ensemble des parties
prenantes doivent combiner leurs efforts de
manière ciblée pour comprendre les conditions d'une mobilisation des acteurs économiques et commerciaux, soutenir la mise en
place de cadres politiques souples et favorables à l'action, et développer les capacités
techniques pour répondre aux exigences d'un
marché en évolution.
Il est de plus en plus manifeste que l'innovation systémique offre une occasion historique
de mettre en pratique le découplage. L'innovation est un moteur reconnu du développement durable - que ce soit au niveau national
(macro) en répondant à des problématiques
sur ses trois composantes (environnementale,
économique et sociétale) ou au niveau des
entreprises (micro) en leur fournissant des
avantages compétitifs.
De telles innovations - nommément les écoinnovations - permettent de manière nouvelle de répondre aux problèmes environnementaux actuels et futurs et aident à réduire la
consommation d'énergie et de ressources, tout
en favorisant une activité économique durable, en conformité avec une réglementation
plus stricte, répondant aux besoins émergents
de catégories de consommateurs plus soucieux de durabilité. Les petites et moyennes
entreprises se sont révélées être des acteurs
essentiels sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement pour initier l'innovation ; elles
doivent développer des synergies avec de plus
grandes entreprises pour soutenir ces dernières sur une échelle de temps plus longue.
Les efforts d'innovation de première génération ont porté sur la productivité du travail,
et ceux de seconde génération - éco-innovation - se tournent vers la productivité des ressources et la durabilité.

Construire sur un socle
Le savoir-faire existe. Une multitude d'outils
et de méthodes ont déjà été développés pour
aider les entreprises et l'industrie à concevoir
et mettre en œuvre des pratiques plus efficaces
en ressources, plus propres et plus sûres (RECP
ou Resource Efficient and Cleaner Production). Cela est d'abord appliqué pour un usage
efficace des ressources et pour la sécurité.
Il existe d'autres opportunités : la fermeture
des cycles dans les systèmes industriels, la
maximisation de la durée de vie des produits
et la réduction des déchets et de la perte de
matériaux rares et précieux. La fabrication
en cycle fermé et les approches basées sur le
« cycle de vie » et soutenues par des infrastructures de recyclage et de rénovation, jouent
un rôle primordial dans le verdissement de
l'industrie manufacturière3.
Un cadre politique pour soutenir l'innovation.
Il y a de nombreux cadres politiques qui permettraient de soutenir la consommation et la
production durables ainsi que l'éco-innovation dans les entreprises. Le rapport sur l'économie verte du PNUE et les services consultatifs nationaux ont établi l'intérêt au niveau
macro-économique des investissements
écologiques dans les secteurs à fort potentiel,
et ont souligné le potentiel lié à l'innovation.
Concernant les politiques régionales et nationales, le processus de Marrakech du PNUE,
qui a soutenu le programme cadre décennal
sur la Consommation et la production durable
des Nations unies, promeut le développement
d'un cadre politique régional et national.
L'importance des achats publics. Des pratiques de production plus durable peuvent être
promues par des approches récemment incluses dans les cadres politiques : par exemple
les achats publics durables. Globalement,
le secteur public dépense entre 45 et 65 %
de ses budgets pour les achats publics, soit
13 à 17 % du PIB dans les pays à revenu élevé
et encore plus ailleurs : 35 % en Afrique du Sud
et 43 % en Inde4. En tant que tels, les achats
publics sont un moteur important du commerce international, influençant les chaînes
Centraliens no633 [mai 201
4]

http://www.eco-innovation.eu http://www.iisd.org

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