Centraliens - N°633 - La revue des Arts et Manufactures - Mai 2014 - 25

l'économie verte : le temps des ingénieurs

Combiner innovation
et développement durable

Aujourd'hui plus d'un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité.
Plusieurs innovations apparaissent pourtant, destinées à mettre la modernité à la portée
du plus grand nombre, souvent à travers des énergies renouvelables facilement accessibles.
Panorama de quelques solutions actuellement en cours de développement.

Techniquement, il serait possible de construire une mini centrale hydroélectrique de
quelques kilowatts reliée à un réseau de distribution local pour alimenter le village. Mais
une installation de ce genre coûte cher - et
comme ce n'est pas le gouvernement qui la
financera, les villageois devraient se cotiser
pour la construire. Or se lancer dans un tel
investissement collectif suppose l'existence
d'un fort consensus au sein de la population.
La situation sociale à Kimaling est complexe :
tiraillés entre les survivances de l'ancien système féodal et les luttes des partis politiques
actuels, les villageois n'arrivent pas à trouver
d'accord. Le projet hydroélectrique communautaire, qui constituerait pourtant un optimum économique pour répondre aux besoins
en électricité, n'est pas près de voir le jour.
Quant au réseau électrique national... Dans
dix ans, peut-être ? Dans ces conditions, des
panneaux solaires individuels sont une chance
inespérée. Et le parti du Congrès devrait remporter l'élection sans trop de souci !
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ctobre 2013, village de Kimaling,
4 000 mètres d'altitude à la frontière népalo-tibétaine. Période préélectorale : le parti communiste et
le parti du Congrès s'affrontent pour gagner
le cœur de leurs électeurs. Et aujourd'hui, le
Congrès tape très fort en offrant à tous ceux
qui promettent de voter pour lui... un panneau solaire ! La nouvelle suscite beaucoup
d'émotion. Il faut dire que l'électricité, cela
fait des années que les habitants l'attendent.
Cette zone reculée, difficile d'accès, faiblement
peuplée, est loin de constituer une priorité
pour l'opérateur du réseau électrique national - déjà incapable de faire face à la demande
croissante dans les grands centres urbains du
pays. Alors pour s'éclairer le soir, les habitants
de Kimaling n'ont d'autre solution que les
lampes à kérosène, qui reviennent cher et produisent une lumière de faible qualité accompagnée d'une fumée nocive.

Plus d'un milliard de personnes
sans électricité

Le village de Kimaling au Népal, en attente
de panneaux solaires.

Kimaling n'est pas un cas isolé. Au Népal, près
de la moitié de la population attend encore
l'électricité ; au niveau mondial, ils sont plus
d'un milliard. Un milliard de personnes qui
n'ont aujourd'hui pour s'éclairer que la lueur
des bougies ou des lampes à pétrole, qui ne
peuvent pas recharger leur téléphone portable
à la maison et encore moins y utiliser un ordinateur ou un réfrigérateur. En effet, si l'électrification progresse rapidement en Afrique et
en Asie, beaucoup sont laissés pour compte.
En périphérie des grandes villes, les quartiers
périurbains qui croissent de manière anarchique hors de tout plan d'urbanisme restent
privés d'infrastructures de base - ni route,
ni eau, ni électricité. Les pouvoirs politiques
craignent souvent que le raccordement de
ces quartiers « illégaux » aux réseaux urbains
ne leur confère une légitimité implicite.

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