Centraliens - N°633 - La revue des Arts et Manufactures - Mai 2014 - 29

l'économie verte : le temps des ingénieurs

Des idées fortes
qui ressortent de ce travail
« Tous seront touchés »
Face aux défis et aux menaces que représentent le changement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, les atteintes à
la biodiversité..., il n'est pas de secteur d'activité ni d'entreprise qui ne doive lancer un
processus de changement et s'engager sur la
route de l'éco-économie.
« Le risque de l'inaction »
Les enjeux planétaires se traduisent concrètement par des risques émergents pour l'entreprise (rupture d'approvisionnement, réglementations sur les produits ou les procédés,
évolutions des modes de consommation avec
obsolescence des produits, perte de valeur du
patrimoine, image de l'entreprise...). Sousestimer ces risques et ne s'engager que tardivement sur la route de l'éco-économie
revient à s'exposer à un changement qui sera
plus cher et plus difficile.
« Une démarche pragmatique guidée
par une vision long terme »
Il est possible de s'engager sur cette route avec
des actions simples et limitées au début. Mais
il faut avoir une vision claire des objectifs
que l'on veut atteindre : s'engager dans l'écoéconomie suppose pour l'entreprise de repenser sa raison d'être et sa finalité. L'appropriation de cette vision par tous les acteurs
de l'entreprise et leur participation au plan
d'action sont indispensables pour progresser
sur cette route. Il ne s'agit pas de rajouter un
nouveau plan d'action au sein de l'entreprise,
mais de mettre en place une démarche systémique à laquelle tous adhèrent.
« L'éco-économie, c'est aussi l'économie »
L'engagement dans l'éco-économie est tout
à fait compatible avec la performance économique. Les nombreux exemples d'entreprises engagées présentés dans l'ouvrage en
témoignent. À condition peut-être de ne pas
se laisser guider par la dictature du profit à
court terme.

Alors en route
vers l'éco-économie ?
La vision de gouvernants pénétrés des enjeux écologiques de la planète et agissant
en conséquence, d'individus convaincus
d'abandonner une partie de leur confort individuel au profit du bien commun et d'entreprises œuvrant pour le changement social
et environnemental peut paraître idyllique
voire complètement irréaliste.
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Patrick Nollet et Benoit de Guillebon présentent leur livre.

Et pourtant, sous les apparences, la métamorphose de l'économie en éco-économie est déjà
en route. En effet plus que d'une réforme ou
d'une révolution, c'est bien d'une métamorphose qu'il s'agit, comme l'a bien décrit Edgar
Morin, « un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique,
ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou
de la réforme de vie ».
S'il est déjà présent dans le tissu social, ce
bouillonnement créatif est aussi à l'œuvre au
sein de l'entreprise et lui fait de plus en plus
intégrer au cœur de sa stratégie les enjeux
environnementaux et sociaux. Quelques
exemples emblématiques sont présentés dans
l'ouvrage ; un observateur attentif en trouvera beaucoup d'autres.

Les chapitres du livre
1. En route vers l'éco-économie : éco-économie et entreprise, risques de l'inaction, une démarche proactive et systémique, éléments pour le futur
2. Les grands enjeux : énergie et climat,
écomobilité, raréfaction des ressources
métalliques, enjeux de l'eau, restaurer la
biodiversité, nourrir l'humanité, évolution des modèles économiques
3. Approches transversales : achats responsables, maîtriser ses impacts,
écoconception, écologie industrielle,
économie de la fonctionnalité, réglementation et fiscalité, coopération
4. L'éco-économie en pratique dans
quelques secteurs d'activité : chimie
durable, TIC, distribution, industrie
de déchets et des matières premières
secondaires

Nous sommes donc convaincus que par la
combinaison d'actions pragmatiques liées
entre elles par une vision systémique, l'entreprise peut faire sa métamorphose et entrer de
plain-pied dans l'éco-économie.
n

Benoit de Guillebon (78) est directeur
à Pau de APESA, centre technologique
spécialisé dans les problèmes d'environnement et de maîtrise des risques.
Patrick Nollet (57) a fait une partie
de sa carrière au CEA. Il a créé l'association française des entreprises pour
l'environnement dont il a été le premier
délégué général.
Ils ont bénéficié de la contribution de
nombreux membres du think tank
centralien : Jacques Millery, Stéphane
Boudin, Abigail Rochard, Vincent Darras,
Jonathan Riou-Fougeras, Alain Pericaud,
Denis Zandvliet, Jacky Sneessens, Sylvain
Boucherand, Raymond Nyer, Thierry
Marneﬀe ; et de personnes extérieures
comme Nicolas Imbert ou Claire Tutenuit.
Ils se sont également appuyés sur des
collaborateurs de l'Apesa : Benjamin Tyl,
Magali Silva, Hélène Aussignac et
Alexandra Bretonnier.

1. Pacte mondial ou Global Compact : pacte par
lequel des entreprises s'engagent à aligner leurs
opérations et leurs stratégies sur dix principes
universellement acceptés touchant les droits de
l'homme, les normes du travail, l'environnement et
la lutte contre la corruption.

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