Centraliens - N°633 - La revue des Arts et Manufactures - Mai 2014 - 60

C entraliens

point de vue des entreprises

les centraliens dans le monde

Ne pas avoir peur
d'entreprendre ou de l'échec
Guy MOUNIER (96)
Co-Fondateur et Président
de CustomerMatrix

BIO EXPRESS

Centralien 1996, Guy Mounier a ensuite
effectué un Mastère de mathématiques
à Harvard. Suite à son service national
de la coopération à l'étranger au sein de
Suez à New York, il été embauché par
en tant que développeur informatique,
chef de projet et enfin, directeur informatique pour l'Amérique du nord. Il
a ensuite créé en 2004, BA insight puis
CustomerMatrix en 2012.

Parti près de vingt-ans de la France, notamment pour fonder sa
première société à New-York, Guy Mounier (96) travaille aujourd'hui
entre New-York et Paris. Pour nous, il revient sur son envie
d'entreprendre, sa nouvelle société CustomerMatrix
et les différences entre les deux pays.

Fondateur de CustomerMatrix, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

Pour comprendre CustomerMatrix, il faut remonter à BA insight. Société que j'ai créée suite à
mon départ de Suez après avoir pu récupérer les droits du programme que j'y avais développé.
Celui-ci permettait de fédérer au sein d'une entreprise les systèmes d'information, à la fois
structurée et non structurée, pour obtenir une vue unifiée du client. Après plusieurs levées de
fonds pour agrandir le capital, j'ai dû quitter mes fonctions de PDG, tout en restant au Conseil
d'Administration.
Lors de ces opérations, j'ai compris qu'il y a avait une opportunité énorme sur le marché : Une
solution qui permet non seulement de fédérer l'information client, mais surtout d'anticiper ses
besoins ou la possibilité de perte du client grâce à une analyse prédictive de ses informations.
CustomerMatrix est né fin 2012.
Votre deuxième société est basée entre New-York et Paris. Pour quelles raisons revenez-vous en partie en France ?

Parce qu'il y a beaucoup de talents, notamment des développeurs et ingénieurs très compétents. Pour CustomerMatrix, en faisant des recherches sur ce qu'il existait sur le marché, j'ai
découvert une start-up française, Polyspot, qui avait développé une technologie unique qui
fédérait et analysait le « Big Data » de façon quasi-automatique, en capitalisant sur les investissements existants d'infrastructure. Nous nous sommes rencontrés dans un contexte de partenariat, puis il s'est avéré plus judicieux de fusionner. L'unité française prend en charge le
développement informatique, et l'activité commerciale pour l'Europe. A New-York, le siège, je
gère les autres aspects.
En France, à ma grande surprise de par la perception opposée créée par les medias, J'ai découvert beaucoup d'innovations, des entrepreneurs confirmés avec le goût du risque, et des
personnes hautement qualifiées dans les domaines « high-tech ».
Grâce à votre expérience, quelles sont les différences que vous avez pu constater
entre la France et les Etats-Unis ?

Si de nombreuses différences existent, elles sont avant tout culturelles. Aux Etats-Unis, il y a un
positivisme très fort qui vous pousse en avant. Le rêve américain existe toujours et les medias
mettent en avant celui qui réussit ; en France, malheureusement cela serait plutôt l'inverse.
Il y a aussi une forte culture du « giveback ». L'idée est que mon université m'a donné un bagage
complet pour me lancer dans la vie, alors toute ma vie je lui redonne, notamment par des dons.
C'est un mouvement que je commence à entrevoir en France et qui est perçu là-bas comme un
devoir quasi-civique.
Enfin, maintenir et travailler son réseau est primordial aux Etats Unis, surtout lorsque l'on est
entrepreneur et les opportunités de « networking » sont systématiques et ciblées
Vous percevez l'entreprenariat comme une carrière. Que voulez-vous dire ?

Qu'il ne faut pas avoir peur d'entreprendre. C'est une formidable école de la vie. Et le plus important n'est pas la réussite, mais le chemin parcouru. Un échec n'est pas définitif, il permet de
faire mieux la fois d'après. Il ne faut pas croire que c'est facile d'entreprendre : il y a des risques,
des difficultés. Mais une fois pris dans l'aventure entrepreneuriale, vous ne regardez plus en
arrière, vous êtes condamné à devenir un « Serial Entrepreneur ».

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