L’école aujourd’hui - n°4 - Décembre 2009 - (Page 36)

PÉDAgOgIE La Politesse à l’école Laurence Filisetti, coll. Regards sur l’éducation, Presse Universitaires de Grenoble, 2009, 176 p., 18 €. Sélection Le Goût de la politesse La Grammaire, c’est pas de la tarte ! Olivier Houdart, Sylvie Prioul, Seuil, 2009, 192 p., 14,50 €. Bertrand Buffon, Transboréal, 2008, 96 p., 8 €. des recherches récentes menées sur les pratiques de savoir-vivre dans le cadre scolaire. la politesse est un phénomène social fondamental, qui maintient la cohésion d’un groupe ; les idées de norme et d’apparence généralement avancées en réduisent considérablement la portée. au début de l’ouvrage, l’auteur pose la question essentielle : la réussite scolaire dépend-elle du comportement de l’enfant ? il ne s’agit pas de penser cela en termes de soumission à un code : dans ses interactions, l’enfant poli se place dans une situation de confort socio-émotionnel qui facilite les apprentissages et l’exempt de contrariétés du même ordre, libérant l’attention pour les tâches scolaires. À l’inverse, l’enfant impoli devient vite impopulaire, ce qui nuit à l’estime de soi. indispensable dans les relations enseignant/enseigné, la politesse doit pouvoir être expliquée à l’enfant qui, pour une raison ou une autre, méconnaîtrait les codes. cet on se souvient des ouvrages de dominique Picard, et en particulier les rituels du savoirvivre (Seuil, 1995), parlant de “rencontre idéale” à propos des rituels de présentation et montrant comment valorisation (de l’autre) et protection (de soi) sont deux traits essentiels de régulation de la distance à autrui. tout en rappelant de telles définitions, le remarquable ouvrage de l. Filisetti apporte des éléments novateurs, présentant ouvrage particulièrement clairvoyant retiendra l’attention de tous les enseignants. le registre plus littéraire du Petit précis de B. Buffon apporte un complément à l’ouvrage précédent. dilection du langage et célébration du bonheur d’être ensemble, la politesse a connu au cours des âges une évolution que l’auteur rappelle, montrant comment sa dimension éthique et religieuse a peu à peu fait place à l’agrément des relations sociales : elle avive l’écoute des autres, développe la délicatesse et la maîtrise de soi. la politesse, en offrant un idéal d’harmonie universelle, est une voie privilégiée vers celle-ci. Marie-José Minassian Le Nouvel Ordre éducatif local Choukri Ben Ayed, coll. Éducation et société, PUF, 2009, 192 p., 19 €. de l’échelon local. tout se passe comme si l’état chargeait les acteurs locaux de problèmes qu’il était auparavant impuissant à résoudre, sans pour autant leur donner les moyens de l’action. ainsi la mobilisation de rhétoriques modernistes inspirées du management et des dispositifs qui les illustrent (tels que la concurrence entre établissements) n’a réussi qu’à renforcer les logiques inégalitaires à l’œuvre dans l’école. les recommandations des chercheurs en faveur de la mixité scolaire n’ont pas été suivies dans les faits. la nécessité d’assouplir la carte scolaire s’est imposée dans le discours politique, tandis que le lien entre réussite scolaire et lieu de scolarisation orientait les stratégies des familles. Pourtant, les enquêtes de terrain menées par l’auteur mettent en cause un tel lien, de même que l’émulation supposée entre établissements. les objectifs revendiqués de décentralisation n’ont pas totalement émancipé les instances locales de la tutelle de l’état, contribuant à la mise en place d’un ordre local hybride combinant libéralisme et contrôle ignorant des questions sociales. dans les années 1980, l’effritement de l’idéal républicain dans le champ éducatif s’est accompagné d’une promotionl’école aujourd’hui n°4 après un ouvrage sur la ponctuation, les deux auteurs (correcteur et journaliste) récidivent pour le plus grand plaisir du lecteur en s’attaquant à la grammaire : cela donne un condensé d’intelligence et de fantaisie qui devrait convaincre les plus réfractaires à la discipline. le livre abonde en notations piquantes et se lit comme un roman. il commence par la naissance du français, aborde sans sectarisme la question de la féminisation des noms, raille la tendance du pluriel à s’imposer lorsque la tolérance est admise, s’émeut de la perversité qui régit toujours l’accord du participe passé, traque la majuscule envahissante et relève sans pontifier le progressif relâchement de la langue orale. il s’amuse enfin de la réforme de l’orthographe, toujours à venir, à laquelle les auteurs ne sont d’ailleurs pas hostiles. les exemples glanés dans la presse trahissent les hésitations des journalistes eux-mêmes, les hommes politiques n’étant pas en reste qui égratignent la langue sans vergogne. au lieu de le déplorer autant se réjouir que la langue vive et change pour répondre à de nouveaux besoins. P. N. Patricia Nicolas décembre 2009

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui - n°4 - Décembre 2009

Couverture
Édito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à France renucci
- Le billet du médecin Des différences de taille !
- Une année en IUFM Maîtriser la langue
- L’école ailleurs Au service des autres - Madagascar
DOSSIER - L’inspection en questions
- Introduction
- Entretien Michel Gonnet
- Analyse Et si le ministre s’attachait à rétablir la confiance ?
- Reportage Accompagner les équipes pédagogiques
- Bloc-notes Réfléchir sur l’inspection
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Espace et Géographie : la ville
- Introduction 3 questions à Jean-Pierre Chevalier
- Bulletin d'abonnement
- Progressions cycles 1, 2 et 3
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse cycle 1
- Jeunesse cycles 2 et 3
- Coin thématique
- Choix des correspondants
LA RÉCRÉ
- Jeux
- Bulletin d'abonnement

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