L’école aujourd’hui - n°15 - janvier 2011 - (Page 25)

Entre histoire et histoire des arts Les arts de l’espace, du quotidien et du visuel, soit la moitié des six domaines de l’histoire des arts, sont rattachés à la discipline scolaire “arts visuels” . Leur mise en pratique est une bonne entrée dans cet enseignement. ves, en couvrant tous les arts afin que chacun puisse à la fois en connaître l’existence et choisir ceux qui correspondent mieux à sa sensibilité. il ne s’agit pas de former des connaisseurs, mais d’éduquer avis d’expert L ’importance donnée à la chronologie dans le programme d’histoire des arts du cycle 3 équilibre, à partir du libellé même de cet enseignement, sa dimension historique et sa dimension artistique. Si dans le cours d’histoire, considérant l’œuvre comme un document, l’élève sera invité à être absorbé principalement par le “qu’est-ce qui est montré/qu’est-ce qui n’est pas montré ?” et par le “pourquoi est-ce montré/non montré ?”, c’est dans le cours d’arts visuels que, aidé de moments de pratique, il sera amené à se poser les non moins importantes questions du “comment c’est fait ?” et du “pourquoi c’est fait comme ça ?”. roselyne lebourgeois insiste sur la complémentarité entre le regard de l’historien, qui privilégie le sens fonctionnel de l’œuvre, et le regard sensible de l’artiste, qui se focalise sur le sens poétique ou artistique. elle souligne également l’impact des sorties scolaires : “Celles-ci permettent d’appréhender la complexité d’un site dans sa globalité, de relier les œuvres entre elles et de donner un sens tout particulier à ce contexte si important.” c’est la complémentarité fondamentale de ces deux types de questionnements que l’enseignement de l’histoire des arts à l’école veut faire appréhender aux élè- Roselyne Lebourgeois : la diachronie du programme d’histoire construit un fil tendu sur les relations causes/conséquences. en histoire des arts, le danger est de la systématiser. il est préférable d’accompagner le couple causes/conséquences de celui de continuité/rupture. Faire valoir la continuité lorsqu’elle existe, comme par exemple dans la transformation progressive du château fort à la fin du Moyen Âge, qui perd peu à peu ses tours et s’ouvre de fenêtres et d’escaliers – les progrès des techniques guerrières rendant obsolète toute protection –, et devient ainsi le château renaissant. Faire valoir également la rupture, comme celle qui oppose les conceptions artistiques baroques et classiques au xviie siècle, l’une et l’autre existant en même temps (et non successivement). L’École aujourd’hui : Comment relier la chronologie du programme d’histoire et l’enseignement de l’histoire des arts ? 3 des élèves cultivés, informés des enjeux expressifs et artistiques de leur époque, ainsi que des liens qu’elle entretient avec les époques passées. Hervé Thibon questions à roselyne lebourgeois1 coulent directement, comme le sens poétique ou artistique. le danger de cette attitude, c’est l’œuvre seulement prétexte (qui consiste par exemple à ne rien voir d’autre que richelieu dans ses portraits par Philippe de champaigne). c’est la notion de contexte qui est ici fondamentale. elle amène à se demander pourquoi david laisse inachevé son Serment du Jeu de Paume, et à saisir que c’est (par exemple) parce que les personnages qu’il montre (ses amis pour la plupart) meurent sous la guillotine, ou parce que les événements s’enchaînent alors si vite que le tableau n’est rapidement plus d’actualité. le regard de l’historien privilégie le sens fonctionnel de l’œuvre à une époque donnée, et s’intéresse moins à ses aspects formels et aux sens qui en dé- Quel est le statut du document “œuvre d’art” en histoire ? Est-il différent de celui des autres disciplines impliquées en histoire des arts ? outre que les grands chefs-d’œuvre sont tous des œuvres locales, cette question sous-entend la notion de hiérarchie des œuvres, d’autant plus difficile à intégrer dans nos enseignements que les chefsd’œuvre d’une époque sont des œuvres secondaires pour une autre (l’adulation des peintres “pompiers” du xixe siècle et leur dénigrement au xxe siècle en sont un bon exemple). l’important est de privilégier la rencontre sensible, le contact de l’élève avec la matérialité de l’œuvre. Quelle est la valeur pédagogique des œuvres locales ? 1. Maître de conférences en histoire, formatrice au centre de Beauvais de l’iuFM d’amiens – université de Picardie jules verne, service éducatif du Musée départemental de l’oise (1985-2010). l’école aujourd’hui n°15 janvier 2011 25

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui - n°15 - janvier 2011

Couverture
Edito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à à Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier
- Le billet du médecin Il fait un malaise
- Une année avec... Hiérarchiser les priorités
- L'école autrement Partager son vécu
DOSSIER - L’histoire des arts
- Introduction
- Entretien Daniel LAGOUTTE
- Reportage De l’expression à la compréhension !
- Analyse Pratique sensible et apprentissages
- Bloc-notes Galerie d’art(s)
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Entre histoire et histoire des arts
- Introduction 3 questions à Roselyne Lebourgeois
- Progressions cycles 1, 2 et 3
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse cycle 1
- Jeunesse cycles 2 et 3
- Coin thématique
- Choix des correspondants
- Le mot du mois En avant la musique
- Bulletin d’abonnement
PAGES SPECIALES
- LE FICHIER de la Maternelle
- LE FICHIER de l'élémentaire

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