ParaMag - n°297 - Février 2012 - 22

PORTRAIT

Bertrand était aussi instructeur au CERPS de Tallard à cette époque. Ce fut d'abord un pote, puis nous nous sommes rapprochés et nous avons aujourd'hui un fils de 3 ans, Pierrick. Notre petite famille vit maintenant dans une maison perchée sur les collines des Tourniaires, à 5 km de l'aérodrome de Tallard. Apparemment, l’arrivée de ton fiston ne t’a pas ralentie dans ta découverte du parachutisme, puisque aujourd’hui tu es pilote tandem. Emilia : En effet. Après la naissance de Pierrick, j'ai repris le parachutisme de plus belle avec des envies d'autres horizons, mon métier de garde-chasse ne me convenant plus. Le parachutisme et son milieu m’avaient permis de tourner la page d’un passé douloureux et, en changeant aussi de boulot, je bouclais ainsi la boucle. Travailler dans le parachutiste me titillait l'esprit. Mais c'est une décision pas forcément facile à prendre quand on a seulement quelques centaines de sauts, peu d'années d'expérience, et un bébé à la maison. Bertrand m'a beaucoup aidée dans le cheminement de mes réflexions. Il m'a encouragée à faire ce que j'avais vraiment envie et si je m'en sentais capable. Cet élan positif m’a poussé à passer le para-pro, que j'ai obtenu en 2010, et parallèlement j'ai préparé ma qualif de pilote tandem.

Comment se sont passés ton apprentissage et ta qualif ? Emilia : Ce fut une expérience enrichissante. Il y a d’abord les épreuves théoriques, la visite médicale, les épreuves pratiques en chute dont deux sauts avec gaines de 50 kilos, puis les sauts tests avec un formateur qui fut Thibault Adnet. On commence par un saut en tant que passager en utilisant les répétiteurs, puis les rôles sont inversés au saut suivant. En sautant avec Thibault en position passager, j’essayais de ne pas être trop stressée. Durant toute ma préparation, j’ai toujours été à l’écoute de Bertrand et cela m’a aidée à être sereine durant la qualif. Une fois la qualif obtenue, il faut faire 32 sauts supervisés par un instructeur. Ce n’est pas facile de réunir toutes les conditions pour réaliser ces sauts supervisés. Il faut avoir l’endroit, les clients et l’instructeur qui supervise. Je remercie Gilles Pittera qui m’a reçue à Saint-Laurent-Médoc afin que je réalise ces 32 sauts sous sa surveillance et dans le contexte de son activité. J'étais vraiment en conditions réelles, puisque Gilles m'a donné tous les gabarits, tout en changeant souvent de matériel. Cela fut très formateur même si, il faut bien l'avouer, j'étais plutôt tendue avec cette mixité de gabarit et de matos. Que ce soit avec Thierry ou Gilles, je n’ai pas eu de traitement

de faveur, et j’ai apprécié cela. En tant que femme, je voulais montrer que j'étais tout aussi compétente qu’un bon élève masculin. Je ne voulais pas retrouver ce que j'avais connu dans le milieu garde-chasse où les femmes peuvent facilement se retrouver sur le terrain, par complaisance. Et elles se rendent compte, dans l'action, qu'elles sont moins compétentes que des mecs qui ont la carrure de l’emploi et qui finalement relèguent l'intervention féminine en arrière-plan. En tandem, il n'est pas nécessaire d'avoir une carrure imposante pour avoir la gueule de l'emploi. Au cours de mes premiers sauts en tant que pilote tandem (et encore maintenant), j'adorais voir que les clients étaient contents lorsque nous préparions notre saut. J'avais aussi besoin de ça : un métier où je pouvais être contente de me sentir moi-même. Lors des sauts en tandem, qu’est-ce qui représente pour toi la plus grande difficulté en tant que pilote ? Emilia : L’atterrissage. Je suis particulièrement attentive à cette phase finale du saut car je veux faire plaisir à mon passager jusqu’au bout, et je veux retourner au hangar à ses côtés avec le sentiment d’un travail bien fait. Je n’hésite pas à communiquer avec mon passager afin d’obtenir sa collaboration pour un atterrissage en toute

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Samuel Baum

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"Je ne veux pas oublier pourquoi ce sport est ma passion."

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