ParaMag - n°297 - Février 2012 - 23

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PORTRAIT

Quentin Borg

sécurité. Je lui fais comprendre qu’il va sauter avec une femme d’1m65 et qu’il faut qu’il soit à l’écoute s’il veut que l’on se pose bien. Cette franchise de ma part met le passager plutôt en confiance. Assez souvent, je choisis l’option d’un posé en glissade sur les fesses, surtout sur l’aérodrome de Tallard qui se trouve à 599 mètres d’altitude et sans le moindre souffle de vent pour la plupart des matinées. Durant le briefing, je demande alors à mon passager de bien lever les jambes, et je vérifie qu’il ne se relâche pas quand il est temps de se poser. Puis, quand le vent se lève un peu plus tard dans la journée, j’apprécie de pouvoir sustenter et de poser debout avec mon passager. Pour tes passagers, te donnes-tu une limite de poids et de taille ? Emilia : Un passager qui fait 1m90 pour 95 kilos, ça commence à être un très gros morceau pour moi. Ce n'est pas trop en chute ou sous voile le plus difficile, mais ce sont tous les mouvements dans l'avion qui sont très fatigants. A Skydive Center, les autres pilotes tandem font attention à moi, et tout particulièrement Bertrand qui n'hésite pas à me prendre un passager un peu encombrant contre quelqu’un de plus léger. Je remercie lui et les autres, mais je ne veux pas me conforter à sauter avec des passagers légers

uniquement. Je n’hésite pas «à prendre du lourd». Mais je suis contente de savoir qu’à Skydive Center il y a des pilotes qui peuvent me soulager si j’éprouve un coup de fatigue. C’est rassurant de savoir que j’ai la possibilité de me préserver. En effet, la saison va commencer en mars, et je sais que ce sera pour moi un parcours d’endurance qui se conclura par au moins 500 sauts en tandem, je l’espère. As-tu le sentiment que les passagers hommes semblent plutôt réticents ou inquiets lorsqu’ils découvrent que c’est avec une femme qu’ils vont sauter ? Et qu’en est-il avec les passagers femmes ? Emilia : Tout se joue au premier contact, avec les hommes. Je me présente dynamique, souriante, avenante et je mets ainsi tout de suite en confiance. Quand en plus je leur glisse dans mon briefing que je suis maman d’un petit garçon et que je tiens à rentrer à la maison tous les soirs, ils sont alors définitivement rassurés. En général, les femmes ne manifestent pas de préférence particulière. Mais je sais que, dans un premier temps, elles préféreraient sauter avec un homme, certainement parce qu’elles pensent qu’elles seraient plus en sécurité. Puis, après l'atterrissage, il n’est pas rare

qu’elles se confient en disant quelque chose comme : «J'aurais cru que ce serait peut-être mieux de sauter avec un homme. Mais vous avez su me rassurer et me mettre en confiance. Je suis vraiment satisfaite !» Cela me fait super plaisir, et je suis tellement contente d’inspirer confiance. En tant que pilote tandem, tu te sens donc sûre de toi ? Emilia : J’en suis encore au début de mon expérience, et je reste très vigilante. Dans ce travail, je pense qu’il ne faut jamais oublier que l’on transporte quelqu'un, que le saut en tandem est quand même une démarche qui comporte des risques, et que l’on est responsable de la personne que l’on transporte. Il est évidemment indispensable d’avoir confiance en soi, mais je pense qu’il ne faut jamais être trop sûr de soi. Pour ma part, j’élargis mon expérience en regardant et en écoutant les autres. J’ai la chance d’être bien entourée à Skydive Center, par les autres pilotes tandem qui eux sont très expérimentés. Je passe pas mal de temps à regarder leurs atterrissages afin d’analyser leurs manœuvres selon les conditions météo. Changer de zone de sauts est aussi très enrichissant. En arrière-saison, Skydive Center a organisé deux weekends de sauts tandem à Saint-Tropez.

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