ParaMag - n°299 - Avril 2012 - 35

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DESTINATION
Patrick de Gayardon et un cadreur de la production Ushuaïa décollent du Club Med. Photo Patrick Passe.

sauts fun, en chute dos et chute assis. C’est ce qu’il y avait de plus cool à l’époque, et TF1 voulait un film “à-lacool” à la verticale d’un paradis terrestre. Notre DZ était tout simplement le Club Med de Moorea. Nous nous posions sur les plages après une chute et une descente sous voile à la verticale des eaux turquoise. Que dire de plus, c’était simplement magique, voire envoûtant. Nous aurions voulu que ce tournage dure une éternité. Nous étions imprégnés de l’ambiance tahitienne. Et, chaque matin, l’hélico nous attendait, parqué à une centaine de mètres de nos bungalows, avec vue sur le lagon. À la même époque, Patrick de Gayardon (dit Deug) commençait à devenir une icône du parachutisme moderne, et c’est le skysurf qui l’avait propulsé si haut. Les jeunes parachutistes d’aujourd’hui ont-ils entendu parler de Patrick de Gayardon ? Tapez son nom dans Google et vous serez servi. En quelques mots, pour résumer sa carrière, Patrick de Gayardon était un parachutiste professionnel charismatique. Il popularisa le skysurf et, grâce à divers exploits, il médiatisa largement le sport parachutiste durant

les années 90. Il fut également l’inventeur de la wingsuit. Le 13 avril 98, il y a précisément 14 ans, Patrick se tuait à Hawaii durant un saut en wingsuit, à cause d’une modification mal rangée sur son équipement.

Je vois encore son visage, celui du type HEU-REUX lorsque, assis par terre dans l’hélico porte ouverte, il contemple pour la première fois de sa vie le macrocosme polynésien. Je lis ses pensées : «Je vais plonger là-dedans, ça va être le pied !» Et c’est comme si l’énergie quasi palpable de Tahiti envahissait tout son être. En chute, il est sacrément en forme. Derrière mon viseur Newton, je ne l’ai jamais vu envoyer du loop, des 360 et des dérives comme il le fait maintenant. Vu son large sourire, il est aussi très content de lui. Jouant avec ses appuis sur l’air, il semble faire partie de l’élément. À la limite, s’il n’avait pas envie d’ouvrir son parachute, je ne serais pas vraiment surpris. Sous voile, Deug est paisible. Commandes de pilotage libres, il se plait à admirer le paysage, avec le lagon émeraude où miroitent les éclats du soleil ainsi que le vert profond de la chevelure étendue des palmiers. L’île de Moorea lui appartient ! Reprise des commandes, le voilà qui s’excite à nouveau. À l’époque, on swoopait à la commande. Il envoie une série de virages bien serrés comme si «impacter la planète sous

Deug adorait Tahiti
Nous sommes en 1991. En skysurf, Deug a un niveau hallucinant. Il impressionne. Faire un film de ses prouesses à Tahiti me semblait incontournable. Après avoir réalisé quatre ou cinq films parachutistes pour Ushuaïa, j’ai pris beaucoup d’aisance dans mes relations avec la production. Il me suffit de leur passer un simple coup de fil pour leur proposer un nouveau sujet, et celui-ci est rapidement accepté. Deux ou trois semaines plus tard, j’ai les billets d’avion en poche et un budget. Me voici parti pour de nouvelles aventures, en compagnie de Deug cette fois, direction la Polynésie. Les conditions sont les mêmes : hélico et Club Med, sur l’île de Moorea. Ciel bleu, air tiède, moyen aérien à disposition et «back ground» de rêve : Patrick est dans son élément.

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