ParaMag - n°307 - Décembre 2012 - 26

PORTRAIT

Avant mes premiers sauts en tandem, ils me répétaient souvent "Qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ?" Ils ont rapidement compris que cette association, qui se voulait être un tremplin pour les autres, l'était aussi pour moi. Ils ont décidé de m'apporter une aide financière et morale pour que je puisse commencer à construire mon projet ; et à me reconstruire."
A cette époque, Laurent donne beaucoup pour l'association. Il est marié, sans enfant, son épouse est une sportive également et elle comprend sa démarche. "Je voulais que le mot "handi Grâce à l'association Han’vol, aujourd'hui un premier saut tandem ne leur coûte que 167 euros, formation et vidéo comprise. Il s'agit en fait de journées complètes que nous organisons, un peu plus qu'un simple "tour de manège". Nous avons cherché à savoir ce que Laurent a trouvé dans ses 400 sauts en tandem, quelles sont ses sensations en chute, etc. Physiquement, les sensations sont celles d'un chuteur confirmé : envie de prendre le contrôle de la situation, d'explorer les limites et de s'amuser aussi. Cela se traduit pas des sauts "en lisse", le ralentisseur étant sorti le plus tard possible afin de pouvoir effectuer des figures dans les trois axes, et notamment en looping. "Nous avons encore des progrès à faire dans ce domaine..." confiera Franck Motte. En revanche, les tours alternés et les sauts de track avec les copains freeflyers marchent très bien, comme le montrent les photos et vidéos illustrant cet article. On constate également que Laurent ouvre lui-même le parachute, mais surtout qu'il contrôle l'altitude d'ouverture et qu'il pilote la voile jusqu'à l'atterrissage. Et ça, c'est plutôt surprenant de la part d'un "malvoyant déficient visuel", pour reprendre la dénomination exacte de son handicap. Nous lui avons donc demandé de nous décrire ses sensations visuelles, plus particulièrement durant un saut.

Complicité entre Laurent et Franck, de retour d'un des nombreux sauts qu'ils ont fait ensemble.

détails, mais si une suspente ou la CDO se met dans mon angle, mon champ de vision se réduit et je ne vois plus rien. Avec l'habitude, j'arrive à bien lire mon altimètre."
Sous voile, c'est Laurent qui tient les commandes. Frank lui donne des indications avec la voix, pour compléter les informations que Laurent ne peut pas voir : la trajectoire, la direction du vent, etc. "Je sais me diriger vers la cible et faire le circuit final, mais à une certaine hauteur, je vois la cible arriver en séquence et je suis obligé d'avoir un guide par la voix pour assurer : "milieu de cible", "tu avances...", etc." Franck a mis au point une méthode pour l'atterrissage en donnant une indication sonore cadencée à Laurent : "A...Ron...Di...." Le A signifie "début de freinage", le Ron freinage à 50% et le Di freinage à 100%. Et les pieds touchent le sol une seconde plus tard. En 400 sauts, une complicité s'est créée entre Laurent et Frank, il n'y a plus vraiment de pilote et de passager, ils se partagent les rôles et Franck fait beaucoup d'effort... pour être le moins actif possible ! Nous lui avons demandé qu'il nous en dise un peu plus sur son rôle de "pilote inactif".

les loops ne marchent pas trop, mais pour le reste ça envoie ! La vidéo avec le ParaMag, c'était un coup d'essai, on y est allé mollo pour ne pas déchirer le magazine, mais il a explosé au deuxième saut ! "
Franck doit se partager entre sa fonction de directeur technique et celle de pilote handi. Il faut assurer la continuité avec les handis qui pratiquent régulièrement sur Lille où il y a pas mal de demandes. "Actuellement, nous en avons 7 et Arnaud Picart vient sur des week-ends complets pour les faire sauter. Certains sont très autonomes, en fonction de leur handicap bien sûr, ils s'équipent seuls, par exemple, et peuvent faire jusqu'à 3 sauts par jour."

"L'utilisation d'un harnais supplémentaire est incontournable, mais en tant que pilote handi, nous devons nous adapter physiquement et psychologiquement à chaque handicap, selon qu'il provient d'un accident ou d'une maladie." "Avec Laurent, c'est différent, nous ne sommes pas dans le cas d'un handicap moteur. J'ai donc cherché très progressivement à être le plus neutre possible, pour qu'il puisse vivre son saut le plus pleinement possible."
C'est pour cela que sur les vidéos, on voit Franck mettre souvent ses mains derrière la tête. C'est sa façon de "lâcher le volant" et c'est ce qui a aussi donné l'idée de sauter en lisant son ParaMag. A y regarder de plus près, on peut dire que c'est vraiment une excellente idée ! ■

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Décembre12:307 paramag.fr

"C'est un mélange de brouillard, avec un champ de vision réduit, où toute luminosité est gênante. Si je me pose à la cible vers midi, je ne verrai pas le parachute, à cause des rayons de soleil, c'est comme si j'étais illuminé par un énorme spot. C'est pour cela que je dois porter des lunettes très sombres. En chute je ne distingue pas les détails, mais je vois le paysage. Sous voile je peux voir les

"Les choses se sont mises en place progressivement, par exemple j'ai mis beaucoup de temps à le laisser ouvrir seul. Mais maintenant, je suis vraiment confiant et ça m'a ouvert la voie avec certains autres handi, à qui je laisse parfois plus de liberté. Nous faisons beaucoup de lisse pour les sauts de "travail" : sortie boule, puis figures,

Han’vol

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