ParaMag - n°314 - Juillet 2013 - 57

Ce qui inquiétait le plus Todd était l'atterrissage. Niklas Daniel, son instructeur,
lui présenta l'histoire d'Alistair Hodgson,
le freeflyer anglais doublement amputé
au-dessus des genoux, et qui est maintenant assez bien connu dans le milieu
para. Alistair a sa propre technique qui
consiste à glisser sur les fesses et sur
l'herbe durant le flare, tout en se penchant
légèrement vers l'arrière. Avec sa Spectre
170, Todd ne devrait avoir aucun mal à
obtenir un léger flare au moment du
cabré. Il contacta Alistair qui lui expliqua
précisément sa technique. Todd fut rassuré,
convaincu qu'il ne risquait pas de se faire
mal en utilisant la technique d'Alistair.

Prêt et déterminé

sur la planche en appui sur les mains,
enfin sur une main et ma prothèse.
Durant la montée, avant mon premier
saut, j'étais bien concentré, visualisant
le programme du niveau 1. J'avais
confiance en mes instructeurs, et en
moi aussi. Nous avions ensemble deux
heures de vol en soufflerie. Le niveau 1,
nous l'avions fait de nombreuses fois
dans la veine d'air, tout comme les autres niveaux. Lorsque Brianne et Niklas
m'ont aidé à me mettre en place à la
porte de l'avion, j'étais heureux d'être là,
et je me sentais tellement vivant.
Cette sensation de vivre intensément
s'est décuplée à diverses reprises
depuis mon accident et au cours
d'engagements sportifs auxquels j'avais
choisi de me consacrer."

Dans l'avion, avant mon tout premier
saut AFF, je n'étais pas vraiment stressé,
juste un peu tendu et surtout très
concentré. Depuis mon accident en
Afghanistan, le stress ne trouve plus
vraiment sa place en moi, un peu
comme si j'avais déjà donné toute
l'angoisse qu'un être humain est capable
de produire, et aussi comme si je n'avais
plus rien à perdre, mais au contraire
tout à gagner. Quand on est rescapé
d'un accident aussi grave que celui dont
je fus victime, toute sa philosophie de la
vie change considérablement.

Le grand moment

Je me sens diminué, mais invincible à la
fois. Avant cette aventure parachutiste
et mon AFF, j'étais prêt physiquement,
au mieux de ce que mon corps peut
encore m'offrir. Grâce à "Operation
Enduring Guerrier", j'ai fait beaucoup
d'activités sportives telles que des
courses d'endurance et aussi des trucs
plus fun, comme du surf à Hawaï debout

"Je n'avais qu'une idée en tête : sortir de
l'avion et dévorer toute cette liberté qui
allait s'offrir à moi. Seul le moment de la
sortie fut différent, puis je retrouvais
rapidement les sensations découvertes
en soufflerie. Je me sentais très à l'aise
et cela me permettait de profiter pleinement de ce que je découvrais.
Mais je n'ai pas oublié de rester
concentré, car il s'agissait maintenant

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"J'étais maintenant prêt à sauter
d'avion", raconte Todd. "La partie chute
ne m'inquiétait pas. La soufflerie fut un
outil formidable pour moi. Sans cette
préparation en soufflerie, il aurait été
hors de question d'envisager une telle
aventure. Je me souviens de mes premières minutes dans la veine d'air où
j'avais un mal fou à trouver ma stabilité,

à arrêter mes vrilles et où j'étais terriblement frustré. Il m'aurait fallu pas mal de
sauts pour maîtriser tout ça. Et, de toute
façon, il aurait été inconcevable de sauter
directement d'avion sans que mes
instructeurs soient sûrs que je puisse
être stable et sans savoir si mon taux
de chute allait être compatible au leur.

RENCONTRE

sauts tandem qu'il avait fait en amont,
son tandem master lui avait laissé les
commandes et il avait déjà découvert
les sensations de pilotage.

Grâce au coaching en soufflerie, Todd était capable de voler
parfaitement stable dès les premier sauts,
et d'aller chercher ses poignées sans problème.
Photo Mike MacGowan

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